Les résultats de l’Observatoire de la rémunération ne sont pas seulement insatisfaisants, ils sont tronqués, selon la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Elle pointe notamment du doigt une rémunération étale depuis fin 2016. Alors qu’elles atteignaient à cette date 6,673 milliards d’euros, les ressources du réseau officinal sont difficilement parvenues, selon l’interprétation du syndicat, à se hisser trois ans plus tard à 6,686 milliards d’euros. Une rémunération en tout cas insuffisante, aux dires de la FSPF, pour compenser la hausse des charges de l’officine.
Mais plus grave encore, la FSPF s’interroge sur la prise en compte de certains indicateurs comme la rémunération pour la vaccination antigrippale (11,5 millions d’euros) ou encore du CICE (96 millions d’euros) dans le calcul de la rémunération officinale en 2019. Deux postes qui ont également été intégrés au bilan du premier semestre 2020. La rémunération globale de l’officine se montant ainsi à 3, 34 milliards, soit une hausse de 0,3 % par rapport aux six premiers mois de 2019. Là encore, dénonce Philippe Besset, les signataires de l’avenant 11 (l’assurance-maladie et l’USPO) ont usé « d’artifices pour parvenir à un résultat positif ». Soit, selon l’interprétation de la FSPF, 7,5 millions pour la vaccination contre la grippe et 48 millions d’euros « pour un CICE qui n’existe plus ! » Sans compter, l’incorporation de l’avance de l’indemnisation pour charges fixes Covid à hauteur de 65 millions d’euros pour l’année entière, souligne le président du syndicat. Selon lui, la réalité est tout autre, « les ressources sont bien inférieures en 2019 à ce qu’elles n’étaient en 2016 avant la signature de l’avenant 11 », déclare Philippe Besset.
Neutraliser les effets exogènes
Lecture diamétralement opposée du côté de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) dont le président, Gilles Bonnefond, estime que la réforme a permis de neutraliser les effets de facteurs exogènes, et principalement la baisse des volumes. Ainsi, expose-t-il en concentrant son analyse sur la marge, « en dépit d’une baisse en 2019 de 1,5 % des honoraires sur le conditionnement – le fameux honoraire à la boîte voulu par la FSPF —, la marge et les honoraires ont augmenté de 2,5 %, à 5,313 milliards d’euros, l’année dernière ».
Selon lui, la crise sanitaire donne une démonstration supplémentaire de l’efficacité de la réforme. Les honoraires au conditionnement ont certes reculé de 5,2 % entre janvier et fin juin, à 1,238 milliard d’euros. Toutefois, grâce aux effets de l’avenant 11, affirme le président de l’USPO, « la baisse de la marge a pu être contenue à 1,5 % au premier semestre. Sans la réforme, elle aurait chuté de 5 % ou 6 % ! » Quant à l’utilisation d’artifices dénoncée par la FSPF, Gilles Bonnefond s’en défend : « j’ai toujours plaidé pour que le CICE ne soit pas intégré au calcul de la rémunération. C’est la FSPF qui avait tenu à le faire figurer dès 2015 ! »
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