Hausse du chiffre d’affaires supérieure à 6 %, évolution à deux chiffres de la marge brute ou encore augmentation moyenne de 36 000 euros de l’EBE… Présentés ce matin dans le cadre de la « Journée de l’économie officinale », organisée par « Le Quotidien du pharmacien », les indicateurs économiques pour 2021 sont au beau fixe. Mais pour combien de temps encore ?
Les chiffres dévoilés à l'occasion de la « Journée de l’économie officinale » par les experts-comptables des réseaux CGP, Fiducial et KPMG ne sont pas une surprise pour les titulaires qui ont à peine levé les yeux du comptoir au cours de l’année 2021. De fait, l'activité officinale a réalisé un bond inédit, le chiffre d’affaires enregistrant une hausse de 6,36 points (KPMG), de 6,53 points (Fiducial) et même de 7 points (CGP).
Une information nouvelle ressort cependant de ce bilan. Entre 75,6 % et 81,8 % du réseau officinal ont profité de cette embellie. Contrairement à l’année 2020 pendant laquelle seulement 66 % à 68 % des pharmacies ont bénéficié d’une évolution positive. La polarisation du réseau, tant redoutée, n’a donc pas eu lieu. Rien ne laisse cependant présager que cette tendance perdurera. Car un tassement du médicament remboursable se profile. Il ne représente plus que 74,42 %, voire 70 ou 60 % du chiffre d’affaires. Et ce, en dépit de la part croissante des médicaments chers. Cette érosion est d’autant plus inquiétante qu’elle représente une fragilité supplémentaire pour les petites officines dont l’activité est traditionnellement fondée sur cette activité.
Pour l’heure, la grande majorité des officines sauvent la mise grâce aux missions liées à la gestion de la crise sanitaire (distribution de masques, vaccins et tests). La marge brute - ou rémunération officinale - connaît par conséquent une croissance à deux chiffres chez Fiducial (11,40 %) et KPMG (12,60 %). Ventes, honoraires de dispensation et ROSP ont ainsi rapporté en moyenne entre 564 600 et 651 100 euros. De quoi alimenter un EBE* qui gonfle de 36 000 euros, en moyenne, pour grimper à 278 900 euros pour Fiducial, 307 400 euros pour KPMG et même 319 800 euros pour les officines suivies par le réseau CGP.
À l’évolution des salaires de 5,3 points répond une hausse de la rémunération moyenne des gérants de plus de 10 points à 62 200 euros par an (chiffres Fiducial) ou de 17,3 points à 59 000 euros (chiffres CGP). Juste retour des choses, puisque la productivité a augmenté sensiblement au cours de l’année dernière : entre 327 800 et 334 900 euros de chiffre d’affaires ont été réalisés par personne en 2021, contre 313 500 à 319 500 euros un an auparavant. Néanmoins, dans un contexte de retour à la normale depuis la fin de cet été, l’économie officinale sera-t-elle en mesure de supporter l’augmentation de la masse salariale de manière durable ? Elle a certes consolidé son assise financière grâce à une trésorerie en hausse de 15,4 % (CGP), voire de 29 % (KPMG). Reste à savoir à quels postes seront affectées ces sommes pour que la bonne santé de l’économie officinale survive à l’effet Covid. C'est là toute l'analyse des experts-comptables anticipant sur cette sortie de crise sanitaire.
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