LES PHARMACIENS font partie des professionnels de santé qui répondent le mieux à leur obligation de formation continue. Le bilan 2014 de l’organisme de gestion du développement professionnel continu (OGDPC) compte 22 700 pharmaciens libéraux inscrits à un programme de DPC, versus 15 000 l’année précédente. Ainsi, 83 % des titulaires ont respecté cette obligation introduite par la loi HPST de 2009. Les chiffres livrés par Actalians concernant les pharmaciens salariés sont encore meilleurs. En 2014, 24 938 adjoints se sont formés (contre 17 255 en 2013), soit plus de 90 % des effectifs. Quant au type de formation suivie, la préférence est nette pour le « non-présentiel » (47 %) et pour le mixte (46 %), face à des formations intégralement présentielles (6 %). De son côté, le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP) se félicite que près de 40 000 pharmaciens se soient mobilisés dès 2013. « La tendance est bonne, ce qui nous conforte dans une attitude non pas de coercition mais d’incitation au DPC », remarque Xavier Desmas, président de la commission d’exercice professionnel du CNOP.
Se libérer du DPC.
Il faut dire que le panel de formation s’est considérablement étoffé ces dernières années. À l’UTIP, par exemple, la plupart des programmes sont mixtes et l’offre est conséquente : diabète, iatrogénie de la personne âgée, prise en charge de la douleur à l’officine, contraception… « Nous déclinons plus de 40 thèmes mais les stages pris d’assaut sont ceux concernant les entretiens pharmaceutiques. Je conseille vivement aux pharmaciens de ne pas attendre le 15 décembre pour s’inscrire », indique Christine Salvan, directrice de Form’Utip. D’autant qu’en effectuant le DPC rapidement, cela permet de se libérer pour faire d’autres formations qui ne sont pas forcément validantes.
Chez Qualifarm, l’antenne qualité du groupement IFMO, on compte 2 000 stagiaires en 2014 (soit une augmentation de la fréquentation de 13 % par rapport à 2013), dont 1 600 en présentiel/mixte, par groupe de 6 à 20 personnes selon les thèmes, et 400 pour les sessions en visioconférence. « 75 % sont des pharmaciens et 25 % des préparateurs, mais ce ratio est variable selon les thèmes choisis », explique Pierre-Xavier Frank, directeur de la formation Qualipharm.
Échanger et débattre.
Laurence Bigot, adjointe à temps partiel à Pussay (Essonne), a suivi les formations sur l’asthme, le diabète et les AVK, en présentiel, et d’autres apprentissages hors DPC. « Notre équipe comprend deux titulaires, une adjointe et trois préparateurs et nous avons pris l’habitude de partager ce que nous avons appris en formation. » L’absence pour formation est parfaitement gérée au sein de l’officine et chacun peut être force de proposition. « J’ai aimé les formations asthme et AVK car il y avait un important rappel pharmacologique dont on avait bien besoin. J’ai vu la différence entre les questionnaires remplis avant et après la formation, je me sens plus impliquée, j’ai plus d’assurance et j’ose poser davantage de questions aux patients. »
Véronique Ragot, adjointe à Saint-Max (Meurthe-et-Moselle) a suivi trois formations validantes DPC en 2013 et 2014, sur l’iatrogénie du sujet âgé avec l’école Giroform du groupement Giropharm, sur le diabète de type 2 avec le répartiteur OCP et sur le patient asthmatique en e-learning avec maformationofficinale.com. « Les deux formations en présentiel m’ont beaucoup plu, parce que j’ai rencontré d’autres pharmaciens, ce qui permet de confronter ses expériences, d’échanger, de débattre. » Dans son officine, suivre des formations ne pose pas de problème en terme d’organisation, chacun étant toujours prêt à suppléer celui qui part se former. « Le simple fait de nous sortir la tête de notre quotidien est une bonne chose. J’ai trouvé la formation sur l’iatrogénie de la personne âgée très intéressante car on a fait beaucoup d’études d’ordonnances, ce sont tout de même des choses auxquelles on est confronté quinze fois par jour au comptoir. »
Sylvie Baboulène-Dupuy, adjointe à Villemur-sur-Tarn (Haute Garonne) se sent plus à l’aise face aux patients depuis qu’elle a suivi les modules sur l’accompagnement des patients sous AVK et des diabétiques. L’officinale apprécie aussi le e-learning et en fait même hors DPC.
Vers l’ETP.
Sylvie Baboulène-Dupuy, Véronique Ragot et Laurence Bigot ont toutes trois suivi au moins un module de formation auprès de l’école Giroform, qui propose de nombreuses formations. « Nous avons étoffé l’offre début 2015 avec un module sur les pathologies cardio-vasculaires et aussi l’ordonnance et les conseils associés. Il y a également trois modules mis en place en partenariat avec Qualipharm, sur la prise en charge du patient cancéreux, l’aromathérapie et l’ETP. Giroform a aussi pour spécialité trois modules sur la micronutrition », précise Nina Morency, assistante formation. Les 42 sessions menées en 2014 ont permis de former 485 stagiaires, dont 110 adjoints (et 97 dans le cadre du DPC). L’école propose aussi neuf formations en e-learning en partenariat avec maformationofficinale.com.
Delphine Veyssières, adjointe à Saint-Pryvé-Saint-Mesmin (Loiret) a trois formations présentielles à son actif, suivies auprès de l’ODPC Pharma Perspectives, sur l’asthme, les AVK et l’automédication. Virginie Coquillaud, adjointe à Commercy (Meuse), a suivi les trois mêmes modules. « C’est bon d’avoir un rappel et d’approfondir certaines choses avant de se lancer dans les entretiens. En terme d’organisation, on se débrouille entre nous pour que l’officine puisse bien fonctionner. » Valérie, adjointe en Seine-et-Marne, a suivi les formations AVK, asthme et dépistage des angines. Elle a apprécié les trois sessions, mais n’a pas pour autant l’impression d’avoir fait évoluer ses pratiques à l’officine. « Le travail au quotidien est prenant et le patient n’est pas toujours très ouvert à un approfondissement sur sa pathologie et son traitement. »
Prise en charge du patient.
Audrey Gouin, adjointe à Gournay-en-Bray (Seine-Maritime), est au contraire totalement investie dans la formation continue, qui représente pour elle de précieuses piqûres de rappel et permet d’approfondir certains points. « Nous sommes deux adjoints et quatre préparatrices, on regarde tous l’offre de formation et on choisit ce qu’on aime, ce qui va nous servir à l’officine, en fonction des dates proposées pour que cela ne soit pas pénalisant pour l’entreprise. Puis, nous en parlons au titulaire. » La formation sur le suivi des diabétiques est une réussite pour l’adjointe, qui apprécie non seulement les rappels physiopathologiques et sur l’origine de la maladie, mais aussi les informations très précises et la participation de professionnels (pédicure-podologue, fabricant) avec lesquels les pharmaciens n’ont pas l’habitude de discuter. « Ce genre de formation permet réellement d’améliorer notre prise en charge du patient, on discute davantage, on pose des questions sur son matériel de surveillance, sur ses dernières analyses, etc. » Audrey Gouin participe à d’autres formations dès que cela est possible et suit le programme d’amélioration des pratiques professionnelles de la revue « Prescrire ». « La formation continue me semble indispensable pour rester à niveau, et plus j’avance dans l’exercice, plus je suis convaincue qu’on en a besoin pour être bon. Il faut savoir être humble et accepter d’avoir besoin de mettre à jour des connaissances. »
Delphine Veyssières, Virginie Coquillaud et Audrey Gouin ont suivi certains modules auprès de l’organisme Pharma Perspectives qui, lui aussi, décline un grand nombre de thèmes. Sa gérante majoritaire et fondatrice, Nathalie Barth, compte parmi ses clients 60 % de titulaires et 40 % d’adjoints. Ces derniers bénéficient d’un module de DPC dédié : développer ses compétences managériales en tant qu’adjoint.
Bouche-à-oreille.
Sylvie Simonnet, adjointe à La Ciotat, suit pour le moment une formation par an et trouve que « c’est bien de réviser », d’autant que « certaines choses apprises il y a 25 ans ne sont plus vraies aujourd’hui ». La session sur le contrôle des ordonnances lui a semblé particulièrement pratique. Elle plébiscite le e-learning, qu’elle peut suivre à son rythme et de chez elle. Sylvie vient de commencer la formation sur le suivi du patient asthmatique, tout comme le reste de l’équipe puisque, depuis cette année, les deux adjoints et les huit préparateurs sont tous inscrits d’office sur la plateforme d’Atoopharm. « Le fait de proposer des formations en e-learning est un facteur de réussite car c’est plus facile à mettre en place pour les officines, les pharmaciens n’ont pas besoin de s’absenter une journée entière et les modules sont découpés de façon à ne pas les monopoliser sur une longue durée. Il est facile de s’arrêter, de reprendre plus tard. Et cela permet de former toute l’équipe sur une période donnée, sur un même thème, sans perturber le travail quotidien », note Marie-Hélène Gauthey, directrice associée d’Atoopharm. Le succès est au rendez-vous grâce à des partenariats mis en place avec des groupements de pharmaciens et des grossistes-répartiteurs, mais Atoopharm se félicite aussi d’un grand nombre d’inscriptions individuelles, notamment par le biais du bouche-à-oreille.
Au final le ressenti des pharmaciens face au DPC est plutôt positif. Selon une étude en ligne menée en novembre dernier par « Le Quotidien du Pharmacien », 68 % des officinaux indiquent que le DPC leur a apporté satisfaction. Reste à ne pas négliger les 32 % qui ont répondu non…
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