L’activité officinale renoue avec le niveau antérieur à la pandémie. En croissance de 2,4 % en 2023, le chiffre d'affaires enregistré en 2023 aurait surpassé de 7 % celui de l’année précédente en extrayant les activités Covid. « La baisse de ces activités a été compensée par une nouvelle poussée des médicaments chers », constate Jérôme Capon, directeur du réseau d’Interfimo qui publie son étude 2024*. De fait, les médicaments chers – dont le prix excède 150 euros- ont vu leurs ventes augmenter de 13 %, et ils constituent désormais 37 % du chiffre d’affaires des médicaments réalisé l’année dernière. En 2022, cette part n’atteignait que 34 %.
Décrochage de l’EBE
Dans ces conditions, le chiffre d’affaires ne constitue plus un indicateur fiable de la santé économique d’une officine. Ceci d’autant que les charges fixes ont augmenté en cours d’année, tout particulièrement les frais de personnel, en hausse de 10 %, qui représentent désormais 11 % du chiffre d’affaires. Rien d’étonnant que dans ces conditions ils « coûtent » 4 points d’EBE, souligne Jérôme Capon, et infléchissent cet indicateur désormais au plus bas. Il n’atteint plus aujourd’hui que 9,7 % du chiffre d’affaires. « En valeur, cependant, l’EBE revient au niveau de 2020 et nous restons sur une rentabilité correcte », tempère le directeur du réseau Interfimo. Il n’empêche. Les experts s’accordent à dire que, poussée des médicaments chers oblige, un troisième indicateur s’impose désormais pour évaluer au plus près la rentabilité d’une officine. L’appréhension de l’économie officinale par son taux de marge brute globale apparaît comme un coefficient pertinent puisqu’il permet de réajuster l’impact des ventes de médicaments chers sur la marge. Les experts ont vu juste : le taux de marge brute globale décroche significativement en 2023 à 29,5 % du chiffre d’affaires. Il faut remonter à 2011 pour retrouver un tel niveau.
Deux fois plus de défaillances
Certes, en valeur, cette marge brute globale reste supérieure et la rentabilité reste, pour l’heure, correcte. Preuve en est, la pharmacie est la profession qui subit le moins de sinistralité. Mais des signaux témoignent d’ores et déjà de la complexité de l’environnement économique de l’officine. En 2023, 97 procédures économiques ont été ouvertes, contre 50 un an auparavant. Ou encore 4,8 pour 1 000 officines, contre 2,4 en 2022. « Ce sont les sauvegardes et les redressements qui augmentent le plus », souligne l’étude Interfimo qui relève cependant que le nombre de défaillances reste inférieur à celui d’avant la crise sanitaire (5,4 pour 1000 officines). Les territoires les plus touchés par ces procédures collectives sont les DOM et Paris avec des taux respectifs de 10,9/1000 officines et 8,5/1000 officines. En région, l’Auvergne-Rhône-Alpes présente la plus forte sinistralité.
Dans ce contexte, les titulaires se rémunèrent à un niveau constant à celui de 2021, selon l’analyse de 638 rémunérations tirées des bilans de 2022 par Interfimo. Soit 62 700 euros par an, une rétribution qui tend même à se stabiliser à la hausse, puisque les pharmaciens ne s’accordaient en moyenne que 60 000 euros en 2018. Une prise en compte de l’inflation n’est sans doute pas étrangère à cette revalorisation.
*Prix des cessions de pharmacies 2023. Étude 2024.
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