Surnommé « le pharmacien de la mort » par les médias… et par les proches d’un certain nombre de ses anciens patients aujourd’hui décédés, Peter S. modifiait les prescriptions des médecins tout en les facturant entièrement à la Sécurité sociale, dans le but d’empocher la différence de prix entre la quantité prescrite et celle effectivement délivrée (voir « le Quotidien » du 23 novembre 2017). Il a gagné ainsi, en quelques années, la somme rondelette de 14 millions d’euros, qui lui permettait de vivre sur un grand pied dans sa ville, tout en menant des actions de bienfaisance au sein de plusieurs associations humanitaires ou d’entraide. Le pharmacien est incarcéré depuis 2016, après avoir été dénoncé à la police par l’une de ses préparatrices, mise au courant des malversations par son ancien comptable qui les avait démasquées dès 2012.
Toutefois, le procès a finalement minimisé les charges retenues contre lui, car l’accusation, à l’origine, parlait de 60 000 falsifications pour près de 60 millions d’euros. De même, aucun décès de patient directement provoqué par ces sous dosage n’a pu être prouvé de manière irréfutable, si bien que le pharmacien a échappé à l’accusation de meurtre, et évite ainsi la prison à vie. Il n’en s’agit pas moins de l’un des plus gros scandales ayant touché le monde de l’officine allemand depuis la fin de la guerre. L’instruction a mis aussi en lumière les insuffisances de l’Inspection et des autorités sanitaires, qui ont tardé à réagir alors que des soupçons pesaient depuis plusieurs années sur le pharmacien, notamment en raison de l’absence d’amélioration de l’état de santé de certains de ses patients, malgré la délivrance des traitements.
Depuis cette affaire, les contrôles sur les officines effectuant ce type de préparations ont été considérablement renforcés, ce qui se traduit d’ailleurs pour elles par de nouvelles contraintes administratives d’autant plus mal vécues qu’elles paient pour des délits qu’elles n’ont pas commis. Quant à l’officine de Peter S, en plein centre-ville, elle a finalement été revendue par sa famille à une jeune pharmacienne qui souhaite la transformer entièrement… et mettre fin à son activité de cytopharmacie.
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