JULIE HAMP, l’Américaine la plus enviée du Japon, vient de chuter de son piédestal. À 55 ans, elle avait pris en avril la direction de la communication de Toyota, rang le plus élevé jamais occupé par une femme dans la hiérarchie du géant automobile. Elle était aussi la première ressortissante étrangère au sein de la direction japonaise de l’entreprise. Mais soudain, tout s’est écroulé. Soupçonnée d’avoir enfreint la loi locale sur les stupéfiants en important des comprimés d’oxycodone, elle a été interpellée le 18 juin dernier dans l’hôtel de Tokyo où elle séjournait, et risque jusqu’à 10 ans de prison, ainsi que l’expulsion.
Ces mésaventures de voyageurs ou ressortissants étrangers mal informés se répètent à intervalle régulier. Le site du ministère des Affaires étrangères avertit pourtant les voyageurs, pays par pays, des précautions à prendre concernant l’importation de médicaments. Pour le Japon, il prévient qu’il est possible d’importer sans autorisation un médicament prescrit pour une durée d’un mois et qu’une autorisation est nécessaire au-delà. Les substances narcotiques, de type morphine, codéine, oxycodone, péthidine, hydrocodone… relèvent de la loi sur le contrôle des narcotiques et des psychotropes et nécessitent une autorisation préalable (environ un mois d’instruction par le ministère de la Santé nippon). Après autorisation, le médicament doit être transporté avec soi et non envoyé par colis. Pour l’oxycodone, ces précautions s’expliquent par la forte dépendance que la molécule peut entraîner. En France, elle est prescrite pour un maximum de 28 jours, en toutes lettres sur ordonnance sécurisée.
Punition sociale.
Dans le cas de Julie Hamp, les apparences sont contre elle. Elle est accusée d’avoir importé 57 comprimés d’oxycodone par voie postale, dans un colis qui lui était adressé, saisi par les douaniers le 11 juin dernier à l’aéroport de Tokyo-Narita et expédié par son père des États-Unis. L’étiquette détaillant son contenu indiquait sobrement « colliers ». Les comprimés se trouvaient à l’intérieur de petites boîtes de bijoux factices pour enfants. L’oxycodone est autorisée au Japon depuis 2003, sur ordonnance et pour des patients sujets à des maux intenses ou rebelles, en particulier dans les douleurs cancéreuses. Julie Hamp nie toute entorse à la loi et justifie l’utilisation de ce produit pour une douleur dans les genoux.
Les explications de l’Américaine ont été entendues et elle a été relâchée mercredi dernier après avoir tout de même passée trois semaines en garde à vue. Le parquet a en effet décidé d’abandonner les charges à son encontre, jugeant qu’elle n’avait pas agi avec une intention malveillante ou pour se droguer et que la dirigeante avait déjà reçu, du seul fait de son arrestation très médiatisée, de sa démission et de sa réputation entachée, une « punition sociale », notion répandue au Japon. Julie Hamp a en effet envoyé sa démission à Toyota le 30 juin, par le biais de ses avocats, démission acceptée dès le lendemain par le groupe japonais.
L’oxycodone est une molécule très utilisée en Amérique du Nord, où le cadre de prescription est plus large que dans la plupart des autres pays. C’est même devenu un problème sanitaire préoccupant outre-Atlantique car l’usage fréquent de ce médicament a généré une augmentation du nombre d’hospitalisations pour abus.
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