Le Quotidien du pharmacien.- Vous adhérez depuis plusieurs années à la CPTS du 13e arrondissement de Paris, l'une des plus anciennes d'Île-de-France. En quoi cette appartenance a-t-elle changé votre pratique professionnelle ?
Christine Bihr.- L'adhésion à la CPTS m'a permis de participer à certaines expérimentations qui ont été très riches. Une CPTS peut être moteur dans la mise en œuvre des nouvelles missions, dans l'évolution de nos compétences même si, bien sûr, cela dépend des liens interprofessionnels que nous tissons, notamment avec les médecins. Il ne faut pas non plus nier le fait que l'appartenance à la CPTS facilite certains process. Bien sûr, il y a de nombreux formulaires administratifs à remplir, mais en retour la CPTS nous garantit une rémunération correcte pour les actes que nous effectuons. Je suis heureuse de travailler en CPTS même si celle-ci n'est pas encore à la hauteur de mes ambitions ! Cependant, je pense aussi que les pharmaciens doivent être également force de proposition au sein d'une CPTS, la mise en application du protocole cystite en est un exemple.
Le travail en interprofessionalité que suppose la CPTS a-t-il modifié vos rapports avec les autres professionnels de santé ?
Avec les médecins, avec lesquels nous sommes majoritairement en lien, les relations changent dès lors que nous sommes amenés à coopérer. Malheureusement, ils restent minoritaires. Dans le protocole cystite par exemple, nous serons bientôt 30 pharmaciens sur 50 à y participer pour 5 médecins délégants ! Mais il est sûr que les formations suivies avec les médecins ont changé les regards que nous nous portions mutuellement. Une confiance réciproque s'est instaurée. Pour les autres professionnels de santé moins impliqués se pose encore très souvent la question de la responsabilité. Ce questionnement est souvent un frein, sinon un barrage. À chaque fois revient l'objection : et si ça se passe mal, qui en portera la responsabilité ? Un faux problème à mon sens à partir du moment qu'on respecte scrupuleusement les protocoles.
Vos patients ont-ils connaissance de cette nouvelle organisation des soins ?
En tout état de cause, la qualité des soins et l'accès aux soins s'en trouvent améliorés. Nous n'avons que des retours positifs. Car aujourd'hui, face à une situation d'urgence, les patients savent qu’ils n’auront pas de rendez-vous rapide avec un médecin et ils s’orientent vers une téléconsultation. Les patients sont souvent informés par la presse grand public des missions de leurs pharmaciens, même si la connaissance des dispositifs est encore floue. Mais il arrive aussi que des patients nous soient adressés par des laboratoires d'analyse médicale, comme récemment dans le cas d'une patiente que nous avons intégrée dans le protocole cystite ! Le fait d'être pris en charge par un professionnel de santé rattaché à une CPTS présente l'avantage pour tous ces patients de pouvoir consulter le médecin délégant si leur situation ne s'améliore pas dans les 48 heures. C'est une garantie qu'ils n'auraient pas en dehors de ce cadre !
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