En août dernier, des photos d’une méga fête techno dans une piscine à Wuhan faisaient le tour des réseaux sociaux. Bien que le pays ne rapporte quasiment plus de nouveaux cas positifs au Covid, certains y ont vu une provocation quand d’autres ont pointé le risque d’une 2e vague de coronavirus. Mais à l’heure où cette fameuse 2e vague a déferlé sur le monde entier, la Chine a été épargnée. Le Pr Wang Xinghuan, directeur de l’hôpital Zhongnan à Wuhan, dont il est aussi le chef du service urologie, et qui a pris en charge l’un des hôpitaux temporaires construits en dix jours pour accueillir les malades du Covid-19, explique les raisons de ce succès. Un témoignage intéressant, traduit en simultané par le directeur adjoint de l'hôpital et chef du service des urgences, le Pr Zhao Yan, à l’heure où les équipes de l’OMS n’ont toujours pas été autorisées à se rendre à Wuhan pour enquêter sur les origines du SARS-CoV-2 et alors que les soupçons d’une sous-évaluation du nombre d’infections et de décès continuent de peser sur la Chine.
L’épidémie semble en tout cas endiguée à Wuhan, première mégalopole de 11 millions d’habitants frappée par le virus, au prix de fortes restrictions. Confinée dès le 23 janvier, la ville s’est peu à peu rouverte au monde à partir de début avril. Au programme : confinement strict sans sortie possible, livraison des denrées par des volontaires du parti communiste, isolement immédiat des malades, de tout cas positif et des cas contacts dans des hôpitaux militaires ou des hôtels, « car l’isolement à domicile ne fonctionne pas ». Avec le déconfinement viendront des mesures de contrôles de température et de dépistage systématique, l’utilisation d’une appli de traçage numérique qui attribue un QR code dont la couleur varie selon l’état de santé de son utilisateur, des réouvertures partielles, des obligations de distanciation sociale caractérisée par de grandes palissades dans la ville, et des reconfinements possibles par quartier dès qu’un cas est détecté.
Démunis face à la maladie
« Entre le 20 janvier et le 4 février, le nombre de cas positifs enregistré dans la ville de Wuhan est passé de 363 à 8 351 ! Le pic a été atteint le 16 février avec 41 152 cas positifs, se souvient le Pr Wang Xinghuan. Nous étions alors démunis face à une maladie inconnue, nous tentions de mettre en place des protocoles et des traitements, et nous manquions cruellement de matériel de protection. » Les mesures strictes mises en place par les autorités finissent par porter leurs fruits et l’expérience acquise permet de réagir rapidement lorsque des clusters sont détectés. « Il y a eu un nouvel épisode à Beijing (Pékin – NDLR) en juin, avec un premier cas détecté le 11 juin, et 36 malades au 14 juin. En moins d’une semaine, les 76 500 résidents du quartier ont été testés et mis en confinement, les écoles ont été fermées, une enquête épidémiologique en porte à porte a été menée auprès de 200 000 personnes, 7,6 millions de personnes ont été testées, l’épisode s’est terminé le 19 juin », relate le Pr Wang Xinghuan. Idem lors du 3e et dernier épisode en date, à Qingdao, avec 6 patients détectés le 11 octobre, l’identification de 132 cas contacts, une enquête épidémiologique large, le déploiement de 9 000 personnels sanitaires pour réaliser les tests. Cette fois, l’épidémie a été jugulée en quatre jours.
Dépistage des produits importés
Ne rapportant plus de cas autochtones, des mesures spécifiques ont été mises en place à l’arrivée de toute personne sur le territoire chinois, mais aussi à l’arrivée de produits importés. L’épisode survenu en juin à Pékin serait effectivement dû à la présence de SARS-CoV-2 sur les emballages de produits surgelés. Depuis lors, la Chine mène de vastes campagnes de dépistage sur les aliments importés.
« En 2000 ans, la Chine a connu 352 épidémies majeures, soit environ une tous les 6 ans. Quand on regarde l’historique des méthodes adoptées par les rois et les empereurs de Chine pour y faire face, on retrouve le confinement, l’isolement physique et la médecine chinoise. Notre histoire nous permet d’accepter assez facilement les mesures de confinement, c’est le cas également des pays qui ont une histoire similaire comme le Japon ou la Corée », explique le Pr Wang Xinghuan, qui prône aussi le port du masque et regrette qu’il ne fasse pas l’unanimité dans le monde malgré les preuves scientifiques. « Quelle que soit la culture d’un pays, pour stopper l’épidémie, il faut identifier les sources d’infection et les isoler, y compris les cas asymptomatiques, et mettre en place des traitements et des dépistages gratuits pour tous. »
D’après une intervention lors du colloque international de l’Académie nationale de médecine et de l’Académie vétérinaire de France, le 3 décembre.
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