La tropicalisation de l'Hexagone est en marche
C’est un fait désormais peu contesté, la planète – et la France n’est pas épargnée – subit les conséquences visibles du dérèglement climatique : températures extrêmes en été, hivers doux, précipitations et événements naturels violents… Résultat ? Ces conditions créent un milieu favorable au développement de certaines maladies dont l'Hexagone était jusqu'à présent épargné. La tropicalisation de nos régions est en marche. Les cycles des vecteurs et des pathogènes sont bouleversés. Ainsi, en 2023, le moustique tigre (Aedes albopictus) est déjà présent dans 71 départements. Et avec lui, la menace de transmission des infections dont il est le vecteur grandit. En 2022, 47 cas de dengue autochtones en métropole avaient déjà été recensés, « le maximum détecté en France métropolitaine » selon Santé Publique France qui n'écarte plus la possibilité, cet été, d'une épidémie, comme ce fut le cas en Italie en 2017. Par ailleurs, l'augmentation de l'humidité et des températures moyennes favorise la prolifération des tiques en Europe du Nord. Il faut donc s’attendre à une expansion de la borréliose de Lyme ou de l'encéphalite à tique à la saison chaude. Vous voilà prévenus…
Pénurie de personnel : toujours plus haut
La part des entreprises déclarant rencontrer des difficultés de recrutement est passée de 36 % en mai 2021 à 52 % en mars 2023. Le secteur de la pharmacie d’officine n’échappe pas à la tendance. Selon une enquête de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) en 2022, il manquait 15 000 collaborateurs derrière le comptoir, principalement des pharmaciens adjoints et des préparateurs, en raison d’une part des effets délétères de la réforme des études de santé et d’autre part de l’élargissement des missions officinales qui conduit à une augmentation du nombre de postes ouverts. À l’approche de l’été, la problématique n’a pas été résolue. « Quelle que soit la qualification, ce ne sont pas les postes qui manquent mais les candidats : pharmaciens diplômés et préparateurs se font rares », confirme Armand Grémeaux, à la tête du cabinet de recrutement Pharm-Emploi. Preuve du besoin criant en personnel, un candidat sélectionné qui répond favorablement peut embaucher dès le lendemain « à un poste systématiquement à moins de 30 minutes de chez lui ». Certains titulaires ont-ils abandonné l’idée de trouver un remplaçant pour cet été ? Armand Grémeaux répond indirectement. « Je trouve toujours une solution dans les situations les plus critiques et pour mes clients fidèles », comme il l’a fait en mars dernier, en trouvant un pharmacien en 48 heures après le décès d’un titulaire.
Faites vos stocks
Afin de préparer l’été, il est temps de faire ses commandes, notamment en produits solaires. Si l’on peut s’appuyer sur le nombre d’unités vendues l’année précédente pour estimer le nombre d’unités à commander, il faudra aussi tenir compte des nouvelles tendances, en donnant la priorité aux produits d’origine naturelle et bio, mais aussi fabriqués dans le respect de la nature et de la biodiversité. On privilégiera ainsi des crèmes solaires avec filtres UV minéraux (dioxyde de titane et le dioxyde de zinc), moins nocifs pour l’environnement que les filtres chimiques, et sans oxybenzone, benzophénone, octocrylène, octinoxate, ni parabènes, qui sont nocifs pour les coraux. On pourra opter pour des crèmes certifiées par le label Cosmebio d'Ecocert, qui doivent contenir 95 % d'ingrédients d'origine naturelle. Outre les solaires, on n’oubliera pas les produits pour la trousse à pharmacie : compresses, pansements, paracétamol, antiseptique, antinauséeux, antidiarrhéique, laxatif, antihistaminique, sérum physiologique, Biafine, répulsif anti moustique ciblant le moustique tigre… Également, penser à commander des préservatifs. Notamment, les marques « Sortez couvert » et « Éden » qui sont, depuis le 1er janvier 2023, remboursées sans ordonnance pour les moins de 26 ans, homme et femme, sans minimum d’âge. La délivrance prise en charge est de 1 boîte par dispensation, quel que soit le conditionnement.
Trésorerie : attention aux mortes-eaux
Le trou de trésorerie, c’est un peu l’envers du décor estival. Le réveil fin août des titulaires qui n’auront pas bénéficié de l’afflux des vacanciers dans leur commune. Ce « point bas de la trésorerie » est un classique bien connu également des experts-comptables. « C’est un phénomène de saisonnalité bien ancré dans la pratique professionnelle et sur lequel nous alertons chaque année nos clients », décrit Louis Maertens, expert-comptable du cabinet FCConseils dans le Nord.
Cette année, ce trou de trésorerie risque de se creuser encore davantage sous l’effet de l’absence de pathologies, de l’inflation et d’une masse salariale qui a pris plusieurs points depuis ce début d’année, et sur laquelle il conviendra peut-être d’arbitrer. Louis Maertens recommande par conséquent à ses clients d’agir auprès du concentrateur pour se faire payer plus rapidement, ou a contrario de négocier un report du règlement des factures auprès des fournisseurs afin de passer le cap difficile de la rentrée. D’autres leviers peuvent aussi être actionnés. Le titulaire peut lui-même remettre au pot à titre personnel, ou encore renégocier le délai de remboursement de son emprunt. Un message difficile à faire passer mais qui peut être cohérent si une bonne partie du prêt est déjà remboursée. Enfin, toujours pour éviter les mauvaises surprises, Louis Maertens insiste sur la nécessité de répercuter les effets de l’inflation sur les prix, afin de pérenniser la marge. « Il faut le faire dès à présent, si jamais les pharmaciens procédaient à ces hausses de prix l’année prochaine, leurs patients ne le comprendraient pas. »
L’officine, RSE par essence
Canicule, dangers de la déshydratation, risques iatrogéniques de certaines molécules en période de chaleur… en professionnel de santé averti, le pharmacien sait appréhender ces risques. L’officine est par ailleurs un lieu où il fait bon travailler puisqu’une température entre 15 et 25 °C doit y être respectée tout au long de l’année, comme le souligne Laetitia Hible, présidente de Pharma Système Qualité (PHSQ). Elle rappelle que ces fondamentaux, tout comme les bonnes pratiques de gestion du froid, font partie des références du manuel qualité. Mais au-delà, la présidente de PHSQ, qui s’intéresse de près aux questions de RSE, suggère que quelques gestes ou aménagements peuvent être adoptés. Ainsi, des vitrophanies spéciales peuvent être appliquées sur les vitrines pour réfléchir les rayonnements du soleil sans occulter la vue. Elle cite également l'exemple d’une titulaire des Côtes-d’Armor vient de faire repeindre le toit de son officine avec une peinture blanche réflective. De quoi soulager son système de climatisation. Une clim qu'il convient de manière générale, d'user avec modération.
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