Plus que jamais le métier de pharmacien semble faire rêver les générations montantes. En témoignent, les 2 356 diplômés qui ont rejoint les rangs des professionnels inscrits à l’Ordre en 2019, soit 1,9 % de primo inscrits supplémentaires par rapport à 2018. Autre signe positif, l’évaporation des diplômes observée au cours des dernières années tend à reculer : 867 jeunes (1) ne se sont pas inscrits à l’issue de leur formation, contre 970 il y a deux ans.
De toute évidence, la relève est assurée. Car, comme se félicite le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP) dans son bilan démographique pour l’année écoulée (2), un quart des inscrits à l’Ordre ont aujourd’hui moins de 35 ans. Parmi les métiers de la pharmacie, l’officine exerce une force d’attraction particulière : sur les quelque 2 356 nouveaux inscrits à l’Ordre en 2019, 64,2 % ont opté pour la section B (adjoints), soit 1,5 % de plus qu’en 2018 et 5,7 % qu’il y a dix ans. Parallèlement, 955 diplômés se sont installés en 2019, dont 22 n’avaient jamais été inscrits à l’Ordre. Plus d’un pharmacien sur trois est ainsi titulaire d’officine.
Proximité
Mais les officinaux rayonnent bien au-delà du seul secteur pharmaceutique. Ils sont en effet les professionnels de santé les mieux répartis sur l’ensemble du territoire. Cette répartition harmonieuse se transcrit par un maillage officinal quasi intact. La France dispose aujourd’hui de 20 736 pharmacies, soit 32 officines pour 100 000 habitants. Un taux certes en baisse – on dénombrait 36 officines pour 10 000 habitants il y a encore dix ans — mais qui parvient à maintenir la proximité avec la population. La moitié des communes françaises sont ainsi situées à moins de 3,8 kilomètres d’une pharmacie, et 90 % à moins de 7,2 kilomètres à vol d’oiseau. « Le maillage équilibré favorise la proximité avec la population et l’accès aux soins de premier recours. Il constitue une véritable force pour faire face aux enjeux de demain : coopération interprofessionnelle, déploiement du numérique, ou encore approvisionnement continu en médicaments et en produits de santé, pour un exercice pharmaceutique au service des usagers du système de santé », analyse Carine Wolf-Thal, présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens.
Disparités
C’est tant mieux si l’officine conserve ses atours d’année en année. Car elle aura besoin de cette image attractive pour relever le défi démographique qui s’impose à elle dans les prochaines années. En effet, 40 % des titulaires sont aujourd’hui âgés de 55 ans ou plus. Et 23 % ont plus de 60 ans. L’Ile-de-France, la région PACA, l’Occitanie, la Nouvelle-Aquitaine et l’Auvergne-Rhône-Alpes sont les régions les plus exposées à cette transition démographique.
Les adjoints ont bien assimilé ces données puisqu’ils constituent une relève dynamique. 97 % des installations enregistrées en 2019 étaient le fait d'inscrits à la section D, dont près de la moitié avaient moins de 35 ans. Les femmes restent toutefois minoritaires. Elles sont ainsi sous-représentées au sein de la section A, dont elles composent 55 % des inscrits, contre 67 % des effectifs globaux de l’Ordre et même 81 % des adjoints.
Mais il ne s’agit pas de la seule ombre au tableau. Les candidats à l’installation devront tenir compte d’autres signaux. Ainsi, des disparités se creusent au sein du territoire. Au cours des dix dernières années, une trentaine de départements ont ainsi subi la perte de 10 à 20 % de leurs pharmacies. De plus, en dépit d’une augmentation de 5,8 % du nombre d’adjoints en dix ans, l’exercice en solitaire reste le quotidien de 17 % des titulaires de métropole, des conditions qui posent question alors que les nouvelles missions font leur entrée en force à l’officine.
Restructuration
Toutefois, Pierre Béguerie, président de la section A, décèle dans le réseau officinal des signes de restructuration permettant un meilleur service aux patients. S’il déplore la disparition de 1 600 à 1 700 officines au cours des dernières années, le président de la section A analyse en priorité la fermeture d’officines (219 en 2019 contre 226 en 2018) comme une volonté de regroupement favorisant une réorganisation de l’exercice professionnel. « Il faut certes rester vigilant face à la fermeture des officines, mais cette tendance traduit avant tout une nouvelle façon d’adapter le travail officinal, notamment en lien avec les MSP (maisons de santé pluriprofessionnelles) », observe-t-il. À noter cependant qu'en 2019, 52,5 % des cessations d’activité ont été contraintes, contre 45,5 % en 2018. Les petites structures sont les premières touchées par ce phénomène et leur déclin se poursuit en 2019, puisque près de la moitié des fermetures concernait en 2019 des pharmacies ayant un chiffre d’affaires compris entre 500 000 et 1 million d’euros.
Une autre tendance peut également être interprétée comme un renforcement des services rendus aux patients. Comme le souligne, Jérôme Paresys-Barbier, président de la section D, l’exercice à temps plein gagne du terrain (+ 2 %) parmi les adjoints, signe d’une implication plus importante de leur part au sein de l'officine. Une hausse du temps pharmaceutique qui ne peut être que bénéfique à tous.
(1) Calcul de l’écart entre le nombre de nouveaux inscrits et le numerus clausus en vigueur à l'entrée de la formation.
(2) Démographie des pharmaciens Panorama au 1er janvier 2020.
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