L’officine continue de représenter le pôle d’attraction majoritaire. 70 % des 75 049 pharmaciens exerçant en France sont aujourd’hui des officinaux, dont 25 518 titulaires et 27 966 adjoints. L’érosion de leurs effectifs par rapport à 2019, soit – 1,3 % pour les titulaires et -0,9 % pour les adjoints, s’explique avant tout par la contraction du réseau officinal (voir encadré). Car la crise n’a pas entamé la tendance observée au cours des dernières années. La relève est bel et bien là et l’officine continue d’être la porte d’entrée des jeunes diplômés.
Parmi les quelque 2 052 primo inscrits à l’Ordre en 2020, 60 % ont opté pour la section D (adjoints). Ils étaient 64,2 % en 2019. Parallèlement, 21 primo inscrits ont choisi d’être titulaires, contre 22 en 2019. Le binôme titulaire/adjoint continue de bien fonctionner avec une moyenne de 2,6 titulaires et adjoints par officine, en hausse de 0,1 point par rapport à 2019. Tandis que, globalement, le nombre de titulaires par officine reste stable depuis 11 ans, à 1,2.
À première vue, cette dynamique ne laisse en rien transparaître le vieillissement des titulaires. Pourtant, 23 % d’entre eux ont désormais plus de 60 ans, contre 12 % il y a encore dix ans, tandis que leur âge moyen se situe à 50,1 ans. Rien d’étonnant même quand on compare cette donnée à la population générale et plus particulièrement aux médecins généralistes dont la moyenne d’âge est identique.
Les adjoints répondent présents
Cependant, un frémissement saisit la pyramide des âges. Tout d’abord, le titulaire « moyen » a rajeuni de 0,1 an par rapport à 2019. Un signe infime mais qui confirme que la relève est en marche. Mais surtout, à l’autre bout de l’échelle, la classe d’âge des moins de 40 ans croît pour représenter désormais 20 % des inscrits en section A. Ils sont particulièrement plus nombreux en Île-de-France, dans les Hauts-de-France, en Normandie. Tandis que, héliotropisme aidant, dans les départements de l’Ariège, de Corse ou de l’Hérault, près d’un titulaire sur trois a moins de 40 ans. Tous territoires confondus, la moyenne d’âge des 980 pharmaciens s’étant installés en 2020 est de 36 ans. Et parmi les 21 diplômés ayant opté pour la section A lors de leur première inscription à l’Ordre, 52 % avaient entre 24 et 34 ans.
En ce qui concerne les passages d’inscription d’une autre section en section A, 45 % étaient effectués par des pharmaciens de moins de 35 ans. Une tendance qui dénote une forte appétence des jeunes pharmaciens adjoints pour l’installation puisque 97 % de ces nouveaux venus étaient issus de la section D (pharmaciens adjoints d’officine et autres exercices).
Le réseau officinal serait-il en train de muer ? Une transition s'opère en tout cas, ces statistiques l’attestent, alors que l’exercice officinal et ses multiples facettes deviennent de plus en plus séduisants pour les nouvelles générations. Sans compter que la crise sanitaire a accéléré les mutations du métier et multiplié les nouvelles missions.
Une proximité garantie
Les pouvoirs publics, comme la population, ont pu compter sur cet acteur de santé de proximité, 35 % des pharmacies étant installées dans des communes de moins de 5 000 habitants, 31 % dans des communes accueillant entre 5 000 et 30 000 habitants. En moyenne, dans l’ensemble des communes (y compris celles possédant une pharmacie) la distance à l'officine la plus proche reste de 3,8 kilomètres. Avec une médiane proche de la moyenne, puisque la moitié des communes (y compris celles dotées d'une officine) sont situées à moins de 3,9 kilomètres d’une pharmacie. Si l’on exclut les communes disposant déjà d’une pharmacie dans leur enceinte, la distance moyenne à la pharmacie la plus proche passe à 5 kilomètres à vol d’oiseau. Ce facteur a particulièrement joué pendant la crise, la pharmacie étant devenue un point d’ancrage essentiel pour les populations confinées. Les pharmaciens se sont saisis de cette opportunité pour donner à leur exercice les nouvelles dimensions qu’on lui offrait. Aujourd’hui, c’est par le biais de la vaccination contre le Covid qu’ils poursuivent cette mutation de leurs missions. Comme le relève le CNOP, la majorité des régions avaient dès 2020 un taux de pharmacies vaccinatrices compris entre 70 % et 90 %. C’est le cas de l’Auvergne-Rhône-Alpes avec 81 %, la Bretagne (82 %), la Normandie (83 %), les Hauts-de-France (84 %), la Nouvelle-Aquitaine (85 %), la région Provence-Alpes ou encore la Côte d’Azur Corse (85 %) et le Centre Val de Loire (87 %). Mais c’est la Bourgogne-Franche-Comté qui remporte la palme avec 91 % des officines répertoriées comme effectuant la vaccination. Tandis qu’il faut aller en Provence-Alpes-Côte d’Azur pour trouver le plus grand nombre de vaccinateurs : soit 2 391 titulaires !
Surpassement
Cet élan, et au-delà, les signaux prometteurs d’une génération montante, ne doivent pas faire oublier, comme le souligne Pierre Béguerie, président de la section A, « les attentes, les espoirs, le désarroi de ceux qui craignent pour la pérennité de leur outil professionnel » alors qu’à nouveau 196 officines ont fermé leurs portes (voir ci-dessous). Mais au-delà des statistiques, 2020 restera une année marquée par l'engagement incontestable de la profession. Et de conclure : « essayons d’imaginer ce qu’aurait été cette crise sanitaire sans les pharmaciens. Distribution des masques aux professionnels, tests, vaccination. La profession, comme un seul être, est allée au-delà d’elle-même ».
*« Démographie Panorama au 1er janvier 2021 » Ordre national des pharmaciens.
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