Leur résilience aura fini par payer. Pour les pharmacies de montagne, le Covid fut une période particulièrement brutale. En plus de provoquer la fermeture des stations de ski et donc de conduire à la désertion des touristes et des vacanciers, la surcharge de travail entraînée par la pandémie a causé de nombreux burn-out, rendant le recrutement de personnel saisonnier difficile.
Tout cela est loin désormais. Pour la saison 2023-2024, les patients ont répondu présent. « Cette année, on ne va pas cacher le fait que nous ne sommes pas riches en neige », constate Benjamin Castex, titulaire à la grande pharmacie de Morzine (Haute-Savoie) et président de l’association des pharmacies de montagne. « Toutefois, les retours des confrères indiquent que la fréquentation est très bonne. Car les stations ont fait un gros travail d’adaptation sur les pistes, avec de l’enneigement artificiel et la mise en place d’activités annexes, ce qui attire du monde », affirme-t-il.
En plein cœur du massif du Mont-Blanc, une pharmacienne confirme : « L’affluence est très élevée, mais le panier moyen a bien baissé », tempère-t-elle. Les difficultés de recrutement semblent aussi être de l’histoire ancienne. S’il reconnaît ne pas pouvoir parler pour toutes les pharmacies de montagne, Benjamin Castex constate ne pas avoir connaissance d’officines auxquelles il manque de saisonniers, alors que ce problème était systémique il y a encore deux ans.
Les pénuries anticipées
Une ombre pourrait noircir ce tableau a priori idyllique : les pénuries de médicaments. Comme leurs confrères citadins, les pharmaciens de montagne ne sont pas épargnés par les ruptures de stocks et les difficultés d’approvisionnement. « Nous sommes tout autant, voire plus impactés, car nous avons une très forte activité sur une petite période, en janvier-février. Mais nos livraisons sont encore lissées à l’année. Je reçois trois boîtes d’antibiotiques qui partent en deux heures, alors qu’en novembre, je les garde trois semaines en stocks », confie Benjamin Castex. Une pharmacienne du Jura confirme cette situation frustrante, qu’elle parvient néanmoins à maîtriser : « Nous avons beaucoup anticipé, ce qui fait qu’on arrive à mieux s’en sortir qu’initialement prévu. »
Pour Pierre Klasser, pharmacien titulaire près de la station des Deux Alpes (Isère) : « Sous le Covid, c’était catastrophique. Mais maintenant, les patients sont présents. Tout va bien ! On s’interroge beaucoup sur le futur des stations, mais elles s’acclimatent, et c’est aussi à nous de nous adapter. Même sans neige, il y aura toujours un avenir viable ! »
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