L'expérimentation nationale du cannabis à usage thérapeutique, lancée en mars 2021 et prévue pour prendre fin en mars 2023, sera prolongée d'un an. C'est le ministre de la Santé, François Braun, qui l'a annoncé hier devant la Commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale. Une décision décriée par les associations de patients, qui remettent en cause les motifs invoqués pour prolonger l’expérimentation.
L'expérimentation, lancée par l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), vise à évaluer l'intérêt du cannabis à usage médical ainsi que la faisabilité d'une filière agro-industrielle made in France.
Les raisons justifiant la prolongation de l'expérimentation avaient déjà été évoquées. Parmi elles, la faible participation des médecins libéraux, le manque de données sur l'avantage économique de l'utilisation du cannabis médical par rapport aux traitements habituels, et la nécessité de se mettre en conformité avec les règlements européens.
Les associations de patients dénoncent cet argumentaire, considérant que « l’impréparation de la filière agro-industrielle française et le risque de prise de position d’acteurs étrangers sur le marché ne sauraient en aucun cas dicter notre politique sanitaire ». Elles estiment en outre que « privilégier des intérêts économiques à l’amélioration de la santé et de la qualité de vie de dizaines de milliers de malades souffrant de symptômes chroniques et lourdement invalidants constitue une rupture dangereuse avec l’éthique de santé publique ».
De son côté, l'association Santé France Cannabis, qui rassemble les acteurs de la future filière française, observe qu'à l’heure actuelle les conditions ne semblent pas réunies pour permettre un accès des patients aux médicaments à base de cannabis et réclame « l’entrée dans le droit commun de ces médicaments en actant, dès aujourd’hui, la généralisation de leur usage à la fin de cette période transitoire ».
À l'heure de sa prolongation, on ne sait pas encore si le dispositif de l'expérimentation sera modifié, dans le sens d'un allègement ou d'une facilitation de l'inclusion des patients afin d'atteindre l'objectif de 3 000 patients intégrés. Ils étaient 1 622 en mai dernier.
Ce faible nombre s'explique en partie par le fait que l'expérimentation avait été lancée en plein milieu de la pandémie de Covid-19. Médecins et pharmaciens, déjà débordés par la gestion de la crise, subissent de plus des pénuries de personnel qui compliquent toute mission de suivi des patients.
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