Mutation des marchés

L’officine sur la mauvaise pente

Par

Publié le 12/03/2021

Article réservé aux abonnés

Depuis le début de l’année, la pharmacie accuse le coup : les marchés du médicament, des compléments alimentaires, des dispositifs médicaux et de la dermocosmétique sont tous en berne. Même les petites officines, jusqu’alors moins fortement touchées, voient leur trafic s’effondrer.

Le mois de février pire que janvier
Crédit photo : Phanie

Janvier n’a pas été fameux. Février est pire. Les données dévoilées mardi dernier par le GIE GERS et le GERS Data confirment le recul du chiffre d’affaires officinal, impactés par l’ensemble des marchés, sur les huit premières semaines de l’année et une baisse plus forte depuis le mois de février : -2,4 % par rapport à février 2020. Le marché de la prescription de ville, qui représente 53 % du chiffre d’affaires global, baisse de 3 % (2 % depuis le début de l’année) et le marché du médicament conseil dégringole de 11 % (-9 % depuis début 2021). Seule la prescription hospitalière reste en croissance (+4 %) mais elle est moindre que ces derniers mois. Cette accentuation de la chute des marchés en février est aussi visible sur le chiffre d’affaires par taux de TVA : -1 % pour le 2,1 % ; 0 % pour le 5,5 % ; -12 % pour le 10 % ; et -8 % pour le 20 %.

Les achats de médicaments remboursables par les officines s’en ressentent. En baisse de 3 % depuis le début de l’année, le recul est de 5 % pour le seul mois de févier et même de 9 % pour la semaine 8. Les classes de médicaments qui sortent leur épingle du jeu sont principalement les vitamines A et D et les produits de stomatologie, mais ils sont loin d’endiguer l’effondrement des antibiotiques ou des antitussifs. Par ailleurs, le GERS a proposé un focus sur l’homéopathie, totalement déremboursée depuis le 1er janvier et dont le taux de TVA est donc modifié. Les ventes chutent de 19 % en valeur et de 45 % en volume depuis le début de l’année, chute là encore accentuée en février. Un autre focus, cette fois consacré aux gels hydroalcooliques, révèle des ventes stables depuis début 2021, à environ 230 000 unités vendues par semaine. Mais face au boum enregistré l’an dernier à cette période, le segment est en recul de 65 % le mois dernier.

Vaccination grippe en hausse

Le trafic à l’officine est nettement en baisse, il perd 12 % en février (-11 % depuis le début de l’année). Cela touche particulièrement les pharmacies au chiffre d’affaires supérieur à 7 millions d’euros (-19 % en février, -23 % rien que pour la semaine 8) mais n’épargne plus les plus petites : -10 % pour les pharmacies de moins d’1,5 million d’euros de chiffre d’affaires (-14 % pour la dernière semaine de février).

Malgré cette importante mutation des marchés de l’officine, les pharmaciens n’ont pas démérité. Preuve en est avec le premier bilan de la vaccination antigrippale qui a pris fin le 28 février dernier. Ce sont en effet 16 % de vaccins supplémentaires qui ont été administrés par rapport à la campagne précédente, avec une hausse sensible de la couverture des personnes de plus de 65 ans (69 % versus 61 % l’an passé). De même, le réseau se démarque par son investissement dans la réalisation des tests antigéniques, stable depuis le début de l’année à environ 500 000 tests par semaine. Soit, à fin février, un peu plus de 7,1 millions de tests réalisés.

Mélanie Mazière