L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) vient de recommander la reconnaissance du caractère cancérogène de l’exposition professionnelle à 18 traitements cytostatiques utilisés en chimiothérapie. Un risque qui pourrait toucher près de 92 000 personnes.
Saisie par le ministère du Travail, l’ANSES propose d’inclure 18 substances cytostatiques dans l’arrêté qui fixe la liste des procédés cancérogènes et ainsi faciliter la reconnaissance du caractère de maladie professionnelle pour les personnes déclarant un cancer alors qu’elles ont été exposées à ces principes actifs « majoritairement utilisés pour traiter les cancers, en médecine humaine comme en médecine vétérinaire ». L’agence souligne que « de nombreux professionnels sont potentiellement exposés aux cytostatiques, ces médicaments administrés en particulier dans le cadre des chimiothérapies pour soigner les cancers ».
En raison de leurs mécanismes d’action, les cytostatiques sont susceptibles de présenter des propriétés cancérogènes pour les cellules saines. Paradoxalement, ces médicaments qui soignent les patients atteints de cancer peuvent donc exposer les soignants qui les manipulent à des substances elles-mêmes cancérogènes.
Elle émet également des recommandations afin de protéger et sensibiliser les employeurs et les professionnels potentiellement exposés car, à ce jour, « contrairement aux produits utilisés en milieu industriel, le règlement européen n'impose pas de prévenir l'utilisateur du caractère dangereux des médicaments via un étiquetage spécifique ».
Les substances concernées sont les suivantes : adriamycine ou chlorhydrate de doxorubicine, azacitidine, azathioprine, trioxyde d’arsenic, busulfan, carmustine, chlorambucil, chlorhydrate de chlorméthine, cisplatine, cyclophosphamide, étoposide, lomustine, melphalan, prednimustine, chlorhydrate de procarbazine, téniposide, thiotépa, tréosulfan.
Plutôt que les professions exposées, l’ANSES recommande de prendre en compte les circonstances d’exposition à ces 18 substances : exposition lors de la fabrication, du conditionnement, de la préparation, du transport et de la manipulation des médicaments, exposition lors de la mise en œuvre de protocoles impliquant une ou plusieurs des substances identifiées, exposition du fait de la contamination de l’environnement de travail ou via la gestion des déchets et des excrétions. « Pour définir des leviers de prévention efficaces, il faut s’intéresser à toute la chaîne d’exposition, de la préparation des médicaments et leur administration à la contamination des personnels par les excrétas du patient (sueur, vomissures) ou encore le traitement du linge ou des déchets », précise Henri Bastos, directeur scientifique santé-travail à l’ANSES.
L'ANSES ajoute, dans son avis, que les substances anticancéreuses cytotoxiques et/ou cytostatiques sont « connues depuis de nombreuses années » mais que de nouveaux traitements sont régulièrement mis sur le marché et doivent faire l'objet d'une veille, de façon à mettre à jour en continu la liste des substances potentiellement cancérogènes.
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