Le Quotidien du pharmacien.- Plus de 80 % des pharmaciens qui ont participé à l'enquête de votre syndicat déclarent ne pas toujours se sentir en sécurité lorsqu'ils sont de garde. Quelles solutions peut-on envisager pour leur assurer de meilleures conditions de travail ?
Philippe Besset-. Il faut maintenir l'engagement des commissariats de police en zones urbaines partout où c'est possible. Pour les autres, il va falloir que l'on travaille avec le ministère de la Santé pour que les officines disposent d'un bouton d'appel sécurisé vers les zones gendarmerie en cas de problème. Il y a aussi une mise en relation qui doit avoir lieu au préalable avec le patient lorsque le pharmacien doit se déplacer de chez lui à l'officine. Tout cela, il faut le protocoliser et proposer aux pharmaciens une formation sur le « bon usage » de la garde en matière sécuritaire. C'est, pour moi, un sujet majeur. S'il y a un jour un incident, ce serait très grave.
Plus de 80 % des répondants affirment que « la réalisation des gardes de nuit affecte leur capacité à accomplir leurs missions le lendemain ». Comment y remédier ?
Les gardes génèrent de la fatigue, c'est évident et cela n'est pas pris en compte. Les pharmaciens sont les seuls professionnels à qui l'on demande de se lever à 8 heures le matin alors qu'ils n'ont pas dormi la veille. Il faut réussir à mettre en place un temps de récupération mais c'est compliqué. Il faut trouver des solutions. C'est également un sujet que l'on va mettre sur la table des négociations conventionnelles.
Faudrait-il uniquement délivrer des produits sur prescription durant les gardes comme le pensent 6 pharmaciens sur 10 ?
La question se pose différemment si c'est une garde de nuit, de nuit profonde ou de jour. Sur ce point, nous souhaitons ouvrir un débat avec l'Ordre puis avec la DGS. Il faut là aussi que l'on arrive à établir de bonnes pratiques, que l'on puisse savoir précisément ce que l'on peut faire. Actuellement, c'est laissé à la libre appréciation du pharmacien mais cela crée ensuite des litiges. On ne peut laisser cette situation en l'état.
La plupart des pharmaciens (75 %) estiment que les gardes ne sont pas assez rémunérés, allez-vous évoquer ce point avec l'assurance-maladie ?
Si l'on veut garder le niveau de service de garde que l'on a aujourd'hui, il faut assurer un temps de repos au pharmacien le lendemain. Pour cela, il faut mieux le rémunérer, 190 euros pour une présence de 20 heures à minuit plus l'astreinte en nuit profonde c'est trop peu. C'est un autre sujet que nous allons devoir aborder avec l'assurance-maladie. Nous allons voir si elle souhaite réduire le nombre de secteurs pour augmenter la rémunération et faire en sorte qu'elle soit correcte. Si c'est le cas, il faudra aussi voir si les pharmaciens sont d'accord car la charge de travail serait alors répartie sur un nombre moins important d'officines. En tout cas, on ne peut pas se satisfaire de la rémunération actuelle et nous allons demander une revalorisation.
Propos issus du « live FSPF » du 6 octobre 2023.
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