Le Quotidien du pharmacien. - Après une carrière effectuée dans les départements marketing et commercial de plusieurs grands groupes, quelle expérience apportez-vous au groupement Pharmactiv ?
Clémence Maillot. - Nos 1400 adhérents sont des pharmaciens qui détiennent une compétence pharmaceutique très forte. Il n’est pas de mon rôle d’intervenir dans ce domaine. En revanche, mon parcours professionnel a développé chez moi un véritable « penser clients ». Et je souhaite apporter aux adhérents de Pharmactiv ce regard différent, axé sur le parcours patient. Certes, le groupement a toujours eu un positionnement éthique, considérant la pharmacie comme relais santé et le pharmacien comme porte d’entrée du parcours patient. Mais aujourd'hui, nous pouvons aller plus loin.
Qu’entendez-vous par cela ?
Je constate qu’aujourd’hui le patient est perdu dans un faisceau d’injonctions contradictoires dans le domaine de la santé, comme sur la diététique ou les antibiotiques. Le développement du digital a complexifié les discours et par là même la compréhension du patient. Dans un contexte où les médecins ont de moins en moins de temps à consacrer à leurs patients, la première personne qui peut reprendre la main sur ces discours et rassurer le patient, c’est son pharmacien !
La crise sanitaire a démontré cette confiance de la population envers son officine. Comment capitaliser sur cet atout ?
L’épidémie a non seulement accentué la démarche du patient qui recherche le conseil de son pharmacien, mais elle a aussi fait apparaître une nouvelle clientèle, des jeunes adultes, parfois même des adolescents, qu’on ne voyait pas à la pharmacie auparavant. Ils se tournent vers le pharmacien pour un dépistage ou la vaccination Covid.
Il s’agit désormais d’accompagner ces patients au-delà de la crise sanitaire. Nous avions déjà eu chez Pharmactiv une démarche pro active qui consistait à proposer des rendez-vous santé aux patients. Aujourd’hui, nous allons la renforcer, par exemple via des entretiens nutrition, en proposant aux patients l’appli qui permet de gérer son carnet santé et de repartir avec son programme personnel. Ces rendez-vous santé nutrition seront lancés en septembre. Ils porteront sur trois pathologies : diabète, maladies cardiovasculaires et colopathie. Les pharmaciens seront accompagnés avec des outils clé en main, de la formation aux entretiens avec les patients et de la communication. Concernant celle-ci, le message diffusé en officine sera « Ici entretien diététique, votre pharmacien adapte vos repas à votre maladie ».
La mission d’un groupement va-t-elle changer au regard des évolutions du métier qui se sont accélérées au cours des quinze derniers mois ?
L'année 2020 l’a bien illustré : la pharmacie n’est pas là que pour faire du prix. Ce n’est pas une fin en soi. Si nos adhérents ont réalisé une excellente année, avec une hausse de chiffre d’affaires de 3,5 points supérieure à celle du marché (4,6 points pour ceux sous enseigne), c’est bien parce qu’ils l’ont compris et se sont d’abord positionnés comme un lieu de santé. Si la pharmacie oublie ce concept, elle perd sa vocation. Le groupement doit aider le pharmacien dans ces tâches chronophages qu’implique l’accompagnement santé, en développant des outils et des supports. Nous prônons également le principe d’un référent pour chaque domaine de la pharmacie et nous les formons. Cette approche catégorielle est l’une de nos spécificités. Elle ne porte pas seulement sur l’offre produit, mais aussi sur l’animation et la formation. Je pense ainsi à notre approche MAD « Betterlife ». Ou à notre approche catégorielle de la santé au naturel. Je voudrais préciser que les pharmacies pilotes ont augmenté leur chiffre en MAD de 20 % au cours de l’année 2020.
Présent sur le marché depuis désormais trente ans, Pharmactiv est-il aujourd’hui challengé, en tant que groupement historique, par des groupements plus jeunes et plus petits ?
Bien qu’accompagnant les pharmaciens depuis déjà 30 ans, nous sommes un groupement qui fait preuve d’une vraie modernité, ne serait-ce que par l’offre de sell-out qu’il propose, sa centrale d’achats et ses 54 accords labos, mais aussi son approche catégorielle dont nous avons parlé plus haut, ou encore sa MDD*, avec ses 320 références et sa gamme bio lancée en 2020. À noter que la MDD permet aux adhérents investis de réaliser un chiffre d’affaires de 40 000 euros par an et par conséquent 16 000 euros de marge !
Cependant, il est vrai que Pharmactiv n’a pas l’image qu’elle mérite. Et c’est à cette vision, à ce positionnement d’avenir, que nous devons travailler, afin de rattraper le déficit de notoriété que nous avons auprès du grand public. Ce travail va porter sur le développement de l’enseigne, née il y a dix-huit mois. Cet enjeu est très important puisque, de 149 officines sous enseigne, je souhaiterais arriver très vite à 350 adhérents sous enseigne sur les quelque 1 400 que compte le groupement. J’ai d’ailleurs entamé un tour de France pour échanger avec nos adhérents sur leurs convictions, leurs attentes, bien décidée à leur transmettre le message qu’une enseigne n’est pas seulement une façade !
* Marque de distributeur.
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