La politique de lutte contre le tabagisme mise en place depuis 2014 est efficace. Le taux de fumeurs quotidiens a baissé de 4,5 points en 5 ans pour atteindre 24 % en 2019. Une tendance à la baisse moins marquée l’année passée, mais qui se poursuit aussi bien chez les hommes que chez les femmes, dans différentes classes d'âge et pour tous les niveaux de revenus, même si les inégalités sociales restent très visibles.
En 2019, 30,4 % des Français de 18-75 ans se déclarent fumeurs et 24 % de façon quotidienne, selon une étude publiée ce matin dans le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » (BEH). La prévalence globale du tabagisme ne baisse pas de manière significative entre 2018 et 2019, mais elle est notable chez les femmes, en particulier chez les 18-24 ans : le taux de fumeuses quotidiennes passe ainsi de 22,9 % à 20,7 %. Si le recul du tabac concerne tout le monde, les inégalités sociales ne s’effacent pas : les auteurs notent un écart de 17 points entre les personnes au chômage et les actifs pour le tabagisme quotidien, et un écart de 12 points entre les plus bas et les plus hauts revenus.
Par ailleurs, le baromètre de Santé publique France, qui a interrogé 25 319 Français de 18 à 75 ans en 2017, donne un profil des fumeurs : 53,8 % sont des hommes, 66,5 % ont entre 25 et 55 ans, ils sont plus souvent dans une situation sociale (et financière) difficile, présentent une moins bonne santé mentale et consultent moins fréquemment un médecin que les non-fumeurs. Les auteurs précisent que « ces analyses mettent en évidence des associations et non pas des liens causaux ».
Les femmes ne doivent pas pour autant être les victimes oubliées du tabac. Une troisième étude publiée dans le BEH pointe que près du tiers des 250 000 séjours hospitaliers pour une pathologie cardiovasculaire attribuable au tabagisme en France métropolitaine en 2015 concerne une femme, « et jeune de surcroît », souligne l’éditorial du BEH.
En conclusion, les chercheurs soulignent la force de la politique de lutte contre le tabagisme ces 5 dernières années, notant qu’elle a pour avantage de jouer sur tous les aspects : l’offre (paquet neutre, interdiction de publicité, interdiction des arômes, etc.), l’accès aux produits (politique de prix, interdiction de vente aux mineurs, etc.), l’aide au sevrage (remboursement de la substitution nicotinique, Moi(s) sans tabac, etc.). Elle doit non seulement être maintenue mais aussi renforcée et mieux ciblée afin de réduire les inégalités sociales. Ils ajoutent que l’épidémie de Covid-19 devra aussi être prise en compte, non seulement sur ses conséquences sanitaires directes, mais aussi sur son impact économique et le stress généré qui « peuvent laisser craindre une pause dans cette réduction du tabagisme observée depuis plusieurs années ».
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