Il n'y a pas qu'en France que l'extension des missions du pharmacien déplaît aux syndicats de médecins. En Belgique, la possibilité de voir des officinaux vacciner contre le Covid-19 a fait sortir de ses gonds l'Association belge des syndicats médicaux (ABSyM), qui s'est violemment attaquée aux pharmaciens dans un communiqué.
Contrairement à leurs confrères français, les pharmaciens belges ne peuvent toujours pas vacciner leurs patients, que ce soit contre le Covid-19 ou contre la grippe saisonnière. Une situation qui pourrait bientôt évoluer, le ministère de la Santé belge étudiant actuellement la possibilité d'autoriser les officinaux à vacciner contre le Covid-19 dans un pays où un peu plus d'un quart de la population a déjà reçu ses deux doses. C'en est trop pour l'ABSyM, qui estime que la vaccination doit rester dans le giron de la médecine. Le syndicat de médecins accuse globalement les pharmaciens de vouloir s'emparer de nombreuses tâches jusque-là dévolues aux médecins. « On observe que la littérature fourmille de publications qui revendiquent l’accès du pharmacien aux compétences du médecin (dont la vaccination) (...) Les rares études qui semblent démontrer un bénéfice à l’accès du pharmacien aux compétences du médecin ont été menées dans des régions où sévit une pénurie extrême de médecins comme en France, au Canada ou aux États-Unis », juge le Dr Philippe Devos, président du syndicat.
L'absence de déserts médicaux en Belgique n'est toutefois pas la seule raison qui devrait dissuader les autorités de confier de nouvelles missions aux pharmaciens selon l'ABSyM. Le syndicat estime en effet que les officinaux n'ont pas les compétences requises et ne prend pas de gants pour le faire savoir. « Le suivi d’une maladie chronique ne peut s’envisager que dans sa relation avec les autres problèmes de santé. Ceci ne nécessite pas une compétence mais une expertise que seul le médecin peut garantir au patient. Confier cette responsabilité au pharmacien lui donnera l'illusion d'une prise en charge de qualité. Le risque de complications potentiellement graves, voire mortelles, est réel car des problèmes de santé échapperont au diagnostic… » L'ABSyM conclut enfin son communiqué en affirmant que « le pharmacien ne constitue en rien une avant-première ligne de soins ». Une opinion que sauront sans nul doute apprécier les pharmaciens belges.
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