Bien que visant à contrôler le marché et la qualité des produits, la légalisation du cannabis récréatif au Canada, effective depuis aujourd’hui, n’en soulève pas moins des questions de santé publique.
L’intention est louable : assécher le marché illégal et contrôler la qualité des produits en circulation. La légalisation du cannabis à usage récréatif, entrée en vigueur ce mercredi 17 octobre, suscite cependant la polémique au sein de la société canadienne, notamment de la part du corps médical qui compte de nombreux opposants.
Car la détention de 30 grammes de cannabis légal (sous forme séchée, fraîche ou liquide) et la culture de quatre plants par domicile (interdite cependant au Québec et dans le Manitoba) autorisées à tout Canadien de 19 ans (18 ans au Québec et dans l’Alberta) ne sont pas anodines, selon ces détracteurs. Les spécialistes évoquent ainsi un risque d’accroissement de la consommation chez les jeunes, alors « qu’on sait que le cerveau est encore en phase de développement jusqu’à 25 ans », comme l'expose Antonio Vigano, spécialiste du cannabis thérapeutique et directeur de recherches à la clinique Santé Cannabis, à Montréal. Il redoute par ailleurs « l’effet synergique entre cannabis et alcool ». Sans parler des effets du THC sur les automobilistes !
Le « Journal de l’association médicale canadienne » dénonce lui aussi cette expérience nationale « incontrôlée » qui va exposer la santé des Canadiens. Craignant la mainmise des producteurs de cannabis sur ce nouveau marché, il demande que les habitudes et le niveau de consommation donnent lieu à une évaluation, quitte à revenir sur cette législation en cas de hausse significative.
Si les autorités reconnaissent ces inquiétudes en matière de santé, elles ne s’en déclarent pas moins impuissantes face à la montée de la consommation au cours des dernières années. Le Canada compte parmi les pays les plus gros consommateurs au monde. 4,6 millions de personnes, soit 16 % de la population, ont reconnu en avoir fumé dans l’année. « Pendant des années, nous avons simplement dit "ne consommez pas". Ça n’a pas marché. La légalisation donne l’occasion d’avoir un vrai débat sur l’utilisation du cannabis », déclare Gillian Connelly, directrice de la promotion de la santé et de la prévention des maladies à Santé publique Ottawa.
Avec l'AFP.
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