PREMIÈRE sous-préfecture de l’Hexagone à être désertée en l’espace d’un an par la totalité de ses médecins généralistes, Château-Chinon (Nièvre) est le théâtre d’une importante mobilisation de sa population, sous la conduite de ses deux pharmaciens. François Poirier et François Neau, titulaires des deux officines de la commune sont à l’origine, avec d’autres habitants, dont de nombreux professionnels de santé, d’une association citoyenne destinée à soutenir la reconstitution d’un réseau de médecine générale.
Par ce biais, ils entendent être informés par les pouvoirs publics et peser sur le recrutement de médecins généralistes. « Il nous faudrait au moins trois praticiens afin d’éviter l’écueil des gardes trop fréquentes, raison pour laquelle les deux derniers généralistes ont choisi de partir dans le département voisin », indique François Poirier, déplorant notamment l’absence de services d’urgences la nuit et le week-end.
Une santé publique menacée.
Pour le titulaire de la pharmacie du Morvan, les conséquences de cet abandon des généralistes ne se traduisent cependant pas seulement par une baisse de fréquentation de son officine, les 6 000 à 7 000 habitants du bassin de vie étant obligés de parcourir une vingtaine de kilomètres pour consulter un médecin généraliste. « Cette situation soulève un grave problème de santé publique. De nombreuses personnes en zones rurales, notamment les plus âgées ne peuvent pas se déplacer », complète son confrère, François Neau, titulaire de la pharmacie de la Place Notre-Dame. Sans compter, un EHPAD de 130 lits et un foyer de vie implantés sur la commune, désormais dépourvus de médecins. La délégation d’un praticien hospitalier un jour par semaine et quelques vacations ne suffisent pas à remplir la maison médicale où deux cabinets demeurent inexorablement vides.
Pour l’instant le pharmacien renouvelle des ordonnances que les prescripteurs avaient rallongées avant leur départ. « On vit donc sur ces prescriptions antérieures, mais cela ne peut durer. Déjà des problèmes se posent pour les hypnotiques, les somnifères et, de manière générale, pour les troubles aigus. Ne serait-ce que pour les enfants, il faut attendre une semaine pour obtenir un rendez-vous dans un cabinet à Autun », constate le pharmacien, également vice-président de l’association. « Non seulement, nous n’avons plus de proximité géographique, mais nous avons aussi perdu la notion de proximité temporelle », ajoute-t-il. Les pharmaciens n’hésitent pas à parler de « brutalité » pour résumer cette absence soudaine de médecins dans la commune sans qu’aucune relève ne soit assurée. François Neau en vient même à incriminer un dysfonctionnement dans l’organisation des médecins. Et d’évoquer a contrario le maillage assuré par l’implantation des pharmacies « une organisation dont nous pouvons être fiers ».
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