Le dernier rapport de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) sur les comptes de la santé en 2017 est riche d’enseignements. Il montre, entre autres, une évolution des dépenses de soins « historiquement basse », en hausse de seulement 1,3 %, pour atteindre environ 199 milliards d’euros (1), soit 2 977 euros par habitant.
En ce qui concerne la consommation de médicaments en ville (2), le service « statistiques » du ministère de la Santé note qu’elle baisse de 0,2 % pour atteindre 32,6 milliards d’euros toutes taxes comprises. L’organisme relève également que le chiffre d’affaires des spécialités remboursables vendues en officine s’est maintenu entre 2016 et 2017 (+ 0,1 %), alors que celui des spécialités non remboursables est en hausse de 1 % et atteint 2,1 milliards d’euros.
Une version corrigée
Mais cette édition 2018 est aussi remarquable par le fait que la DREES a rectifié dix années d’historique, se félicite la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) à l’origine de cet erratum. D’autant que c’est à partir de ces chiffres que le ministère de la Santé, mais aussi Bercy et l’Autorité de la concurrence, établissent leurs analyses. « En septembre 2017, la FSPF avait contesté la méthodologie utilisée dans le rapport annuel de la DREES qui se traduisait par une majoration injustifiée de la consommation de médicaments non remboursables », rappelle le syndicat. À la suite de nombreux échanges avec la DREES et la société IQVIA, le service « statistiques » a admis que les chiffres de la FSPF étaient les bons. Une différence d’analyse qui portait tout de même sur près de 1,3 milliard d’euros ! « La consommation de médicaments non remboursables a été corrigée à 2,806 milliards d’euros pour 2016 (contre 4,069 milliards d’euros sans correction), soit un recul de plus de 30 % », souligne Philippe Besset, vice-président de la FSPF.
Les dérégulateurs contredits
Mais ce n’est pas qu’une bataille de chiffres que le syndicat vient de remporter. C’est aussi une victoire sur de nombreuses idées reçues. Car une fois ce bug de 1,3 milliard d’euros corrigé, le syndicat peut affirmer aujourd’hui que « non, le reste à charge pour les ménages sur le poste médicaments n’a pas progressé de 3 points comme l’indiquait le rapport de septembre 2017 (14 % en 2002 contre 17,1 % en 2016) », mais qu’il a, au contraire, diminué de 1,2 point sur cette même période (14,8 % en 2002 contre 13,6 % en 2016). « Les pharmacies d’officine ont su absorber sur leur rémunération les augmentations de prix fabricants et les deux augmentations de la TVA des médicaments non remboursables », fait remarquer Philippe Besset.
Surtout, cet erratum de la DREES jette une pierre dans le jardin des partisans d’une ouverture du monopole des pharmaciens. « Ces résultats corrigés viennent contredire les arguments de ceux qui militent, à grand renfort publicitaire, pour une dérégulation du marché des médicaments non remboursables », se réjouit le vice-président de la FSPF. Il ajoute : « La baisse de 12 % de ces médicaments en 10 ans montre bien que le pharmacien d’officine, professionnel de santé indépendant et responsable, n’incite pas à la consommation par des pratiques commerciales agressives ». Une bien mauvaise nouvelle pour Michel-Edouard Leclerc qui va devoir revoir ses campagnes publicitaires.
(1) Ce montant inclut les hôpitaux, les médecins libéraux, les médicaments et les transports de malades.
(2) Y compris rétrocession hospitalière et rémunérations forfaitaires.
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