Après les constats d'usage sur le système de santé actuel - difficulté à trouver un médecin, attente aux urgences, besoin de suivi chronique, manque de prévention, malaise des soignants qui courent après l'acte tout en étant enlisés dans un travail trop administratif - le président de la République a présenté mardi matin les principales mesures de sa « Stratégie de transformation du système de santé ». Au centre de ses préoccupations : la structuration des soins de proximité.
Pour Emmanuel Macron, « il faut arrêter d'opposer les hospitaliers aux libéraux, les généralistes aux spécialistes, les médecins aux autres professionnels de santé » et privilégier un exercice coordonné dans le cadre des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). L'objectif ? Que ces CPTS couvrent « tout le territoire dès 2021 ».
1 000 CPTS en 2022
La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, complète : d'ici à 2022, le but est de compter 1 000 CPTS et de toucher 100 000 patients. Comment ? Le gouvernement annonce un accompagnement fort pour aider les professionnels de santé à constituer des réseaux qui répondent aux besoins de santé de leur territoire, avec des conditions financières incitatives. À l'Élysée, on explique que l'incitation sera telle que « les professionnels de santé n'auront pas d'autre choix » que de se réunir en CPTS pour se mettre au service des « besoins populationnels ». Sans utiliser de méthode coercitive, le gouvernement prévoit que « les rémunérations qui ne sont pas à l’acte, comme les ROSP, soient conditionnées à l’adhésion à une CPTS ». Au final, d'ici à 2022, « l'exercice isolé sera une aberration » selon Emmanuel Macron.
Parmi les missions des CPTS, Agnès Buzyn énumère : garantie d'accès à un médecin traitant et à un médecin spécialiste dans un délai raisonnable, prévention et dépistage, urgences de ville assurée au moins de 8 heures à 20 heures, « mais ce serait quand même bien jusqu'à 22 heures », glisse le président de la République. Quant aux territoires couverts par ces CPTS, ils peuvent s'étendre de 20 000 à 100 000 habitants, selon que le milieu soit urbain ou rural et selon le bassin de population et la géographie.
Créées par la loi de modernisation du système de santé du 26 janvier 2016, les CPTS montent en puissance depuis la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) pour 2018 qui a fourni des outils législatifs manquants et a su séduire nombre de pharmaciens.
Suppression du numerus clausus
La réforme de santé compte une cinquantaine de mesures articulées autour de trois orientations. Parmi les mesures phares annoncées par le gouvernement, la suppression du numerus clausus a été chaleureusement accueillie par les étudiants. Une suppression qu'Emmanuel Macron justifie par « un gâchis qui concerne chaque année 25 000 étudiants, qui passent du statut d’excellent lycéen à celui qui échoue ». Il ajoute que « dès la rentrée 2020, il n'y aura plus de PACES, cet acronyme synonyme d'échec pour trop de jeunes » et annonce que « tous les étudiants inscrits en licence pourront rejoindre ce cursus ». Précision à l'Élysée : « Le système restera sélectif car on ne veut pas rogner sur l’excellence de nos étudiants en santé, mais on veut revenir dans le droit commun des études et supprimer un système qui ne sélectionne pas les étudiants sur leurs compétences. »
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