Face à ces incertitudes, les pharmaciens regrettent au premier chef, le silence « assourdissant » des syndicats de la profession, ou tout au moins leur manque de pédagogie. Avec pour résultat une profession dans le brouillard. « J'ai compris… que je ne comprends rien sur ce que ça va changer ni comment (...) Aucune info pratique pour le moment », déplore un internaute, qui ajoute « heureusement pour moi ça fait longtemps que je ne compte pas que sur la retraite ». Une désillusion partagée par cet autre internaute « ce qui va changer c'est que vous allez cotiser plus pour une pension moindre (il est vrai qu'en tant que pharmacien depuis quelques années nous sommes habitués à travailler plus pour gagner moins…). Par ailleurs, tous les efforts de sur cotisation que vous avez effectués depuis les 5 dernières années vont partir dans le puits sans fond de l'universalité alors que cela vous revenait de plein droit ». Et d’autres titulaires de renchérir sur ce « siphonnement » des cotisations « pas motivant ! »
Leur dernier espoir est que le collectif SOS retraite et l'UNAPL « fassent plier le gouvernement pour une réforme à 1 PASS et le reste en capitalisation (seule réforme valable) ». Certaines voix s’étonnent que les retraités soient les seuls à bouger. Un titulaire retraité « depuis peu » ne partage cependant pas les projections de l’association nationale des pharmaciens retraités (ANPR) (voir ci-dessus) : « Mon capital constitué par 30 ans de carrière libérale a été converti en retraite par application d'un taux de 3,08 % alors qu'à la souscription la CAVP m'avait indiqué un taux à terme de 8,73 %. Par conséquent, les 5,5 % ou même les 4,64 % évoqués m'apparaissent comme un progrès pour nos jeunes consœurs et confrères. » Ce constat est loin d’être partagé par les autres internautes qui estiment que « cette réforme est un coup fatal porté aux professions libérales ». Et qui exhortent les confrères à se mobiliser, à l’instar des avocats, « pour ne pas accepter une fois de plus l'inacceptable. Nous sommes trop passifs à chaque réforme qui nous touche. Bientôt il ne restera plus rien à défendre. Du pain béni pour les financiers et les GAFA qui nous auront vite remplacés ».
Sans aller jusque-là, un pharmacien fait part de ses craintes « il va être désormais compliqué de trouver des jeunes qui voudront prendre des risques financiers pour s'installer, travailler 60 heures par semaine jusqu'à 67 ans, peut-être ne pas revendre leur officine et toucher une retraite net fiscale de 1 300 euros par mois après avoir cotisé des sommes colossales ». Les positions oscillent entre pessimisme et fatalisme. Ou encore amertume pour l’un de ces pharmaciens qui se déclare de la génération "des trop tard " : « Trop tard pour m'installer jeune sans argent, trop tard quand je me suis installé en 2007. Trop tard pour revendre mon officine à bon prix (si je la vends), peut-être trop tard pour avoir une retraite princière ? Je me suis dit qu'il était bon de prévoir, vu la situation démographique, des solutions de remplacement ; (…) vous connaissez la fable de la cigale et la fourmi… »
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