Le 8 juin, l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a réuni un comité d’experts afin de mieux appréhender les risques potentiels liés à l'utilisation des appareils respiratoires de l'entreprise Philips. Depuis plusieurs mois, l'alerte a été donnée concernant la mousse insonorisante présente dans ces appareils utilisés par environ 350 000 patients en France et 1,5 million dans toute l'Europe.
Une mousse d'où se dégagent des particules pouvant être inhalées ou ingérées par le patient, provoquant irritations et maux de tête. C'est toutefois le risque « potentiel » de cancers à long terme, encore mal évalué à ce jour, qui a surtout conduit l'ANSM a demandé le rappel des appareils défectueux. Un objectif clair a été fixé à Philips par l'Agence : remplacer ou réparer les trois quarts des appareils en question avant la mi-2022, une échéance désormais imminente. Au vu de l'état actuel de la situation, il est aujourd'hui difficile d'imaginer que ce calendrier puisse être tenu.
Des tests qui « prennent beaucoup de temps »
Devant les experts de l'ANSM, les représentants de Philips ont insisté sur le fait que cette campagne de rappel avait été engagée par pure précaution, puis suivie par des tests plus approfondis afin de savoir à quel point ces appareils dégagent des particules potentiellement menaçantes. « Ces tests prennent vraiment un temps énorme », a admis un responsable médical des appareils respiratoires chez Philips, appelant les patients à ne prendre aucune décision sans en discuter avec leur médecin. Outre-Atlantique, le rappel des appareils Philips « prend davantage de temps que nous ne le souhaiterions », a également reconnu un représentant de l'agence américaine du médicament (FDA), également entendu par l'ANSM. Pour la FDA, « l'évaluation des composants toxicologiques sera une information cruciale pour une évaluation des risques complète. L'un des défis sera de comprendre les doses auxquelles les patients ont été potentiellement exposés ».
Les réponses « évasives » de Philips
De leur côté, les patients se trouvent face à un dilemme cornélien. Ceux qui sont tentés d'arrêter d'utiliser les appareils par prévention savent qu'ils s'exposent à différents problèmes de santé causés par l'apnée du sommeil (somnolence accidentogène, surrisque cardiovasculaire, ou encore aggravation de l'insuffisance respiratoire). Face à cette situation plus que délicate, les patients attendent des réponses du fabricant. Et selon Christian Trouchot, représentant des principales associations de patients concernés, ces explications tardent à arriver. « Les réponses de Philips furent soit évasives, soit simplement inexistantes », a-t-il déclaré lors de la Journée d'audition du 8 juin. « Les patients sont entre le marteau et l'enclume, le marteau étant la pathologie du patient, l'enclume étant sa machine », a résumé Christian Trouchot.
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