Les Libéraux de santé (intersyndicale qui réunit 11 organisations de professionnels de santé), ont travaillé sur un projet de loi de santé visant à répondre aux difficultés du système actuel, en replaçant notamment les soins de ville au centre du jeu. Des travaux qui seront officiellement présentés aux candidats à l'élection présidentielle le 30 mars.
Président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), le Dr Jean-Paul Ortiz dresse un constat sans appel sur le système de santé français. « Il va mal et les patients en souffrent. L'hôpital est en crise malgré le Ségur, qui n'a rien changé. La médecine de ville, oubliée par ce même Ségur, va mal elle aussi. On assiste à un délitement de l'offre, à une difficulté d'accès aux soins et on constate une perte de sens du métier qui explique la pénurie de personnel que nous connaissons. » Alors que la crise sanitaire a mis en exergue ces difficultés, le Dr Ortiz estime qu'il est désormais temps de passer, vraiment, à l'action. « On ne peut plus se contenter de petites réformes. Il faut une restructuration complète, repenser notre système d'organisation », argue-t-il. C'est le sens du projet de loi de santé élaboré par Les libéraux de santé. Des travaux structurés autour de 6 axes et qui ont pour principal objectif de (re)faire de la ville la première voie d'accès au système de santé.
En premier lieu, les Libéraux de santé militent pour un changement de paradigme concernant les négociations conventionnelles, un « rééquilibrage » dans la relation entre les donneurs d'ordre et les professionnels de santé de ville. Ils proposent par exemple d'autoriser chacune des parties à déclencher les négociations et souhaitent que les syndicats puissent avoir accès aux informations chiffrées en amont des discussions, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.
Alors que les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) et les maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP) peinent encore à séduire car souvent trop contraignantes, l'intersyndicale plaide également pour « un assouplissement de l'exercice coordonné ». Une organisation plus lisible, qui pourrait passer par une reconnaissance des équipes de soins coordonnées autour du patient (ESCAP). Un mode de fonctionnement qui n'a pas les faveurs de l'assurance-maladie à ce jour, au grand dam des Libéraux de santé.
La question du « décloisonnement des métiers » est également mise en avant dans ce projet de loi, de même que la démocratisation des usages du numérique en santé, un sujet sur lequel la France accuse un certain retard, selon l'intersyndicale. Autre sujet sur lequel notre pays est à la traîne : la prévention. Parmi les propositions retenues, la mise en place d'un parcours de prévention avec trois rendez-vous proposés aux patients à différentes étapes de leur vie. Le dernier axe s'intéresse à « la garantie de la qualité des soins pour tous », un domaine dans lequel les libéraux doivent être « pleinement intégrés ». Dans ce champ, les libéraux estiment notamment qu'il est urgent de lutter plus efficacement contre les fake med, qui connaissent un essor inquiétant depuis le début de la pandémie.
Prochaines étapes pour les Libéraux de santé : chiffrer l'ensemble de ces propositions avant de soumettre le projet de loi final aux candidats à l'élection présidentielle. Une date a déjà été fixée, ce sera le 30 mars.
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