Six mois après avoir été constituée, la mission d’information du Sénat sur « le développement de l’herboristerie et des plantes médicinales » vient de rendre son rapport.
Celui-ci formule 39 propositions, qui marquent, pour son rapporteur Joël Labbé, « un point de départ ». La mission a rencontré une centaine d’acteurs (producteurs, cueilleurs, herboristes, pharmaciens, médecins, universitaires, chercheurs, entreprises industrielles ou artisanales de transformation, etc.), au cours d’auditions, de tables rondes ou de visioconférences et de deux déplacements en région.
Réexamen de la liste des plantes libérées
Dans ses conclusions, la mission propose de « réexaminer la liste des 148 plantes médicinales "libérées" du monopole pharmaceutique, pour y intégrer des plantes des outre-mer ou des plantes ne présentant pas de risque d’emploi, en étudiant la possibilité de la compléter de leurs usages traditionnels reconnus et validés concernant "les petits maux du quotidien" ». Elle souhaite également l’établissement, au niveau européen, d’un cadre d’évaluation graduée des allégations de santé concernant les plantes utilisées comme denrées ou compléments alimentaires, fondé sur la reconnaissance de leur usage traditionnel tout en intégrant les avancées des connaissances scientifiques.
Si elle reconnaît aux pharmaciens, « de par leur formation solide », la capacité à délivrer des conseils sur les plantes, la mission propose cependant de consolider ces formations en les déclinant pour les professionnels des outre-mer sur la pharmacopée locale et de sensibiliser les médecins à l’intérêt du recours complémentaire aux plantes et aux risques liés à leur emploi.
La mission ne tranche pas
Enfin, sur la question sensible d'une renaissance possible du métier d'herboriste, la mission ne souhaite pas encore trancher. Elle propose plutôt « la poursuite de la concertation avec l’ensemble des acteurs pour envisager les conditions d’une reconnaissance éventuelle de métiers d’herboristes, les contours des formations adaptées et les évolutions législatives correspondantes ». La mission estime en effet que le projet suscite pour l'heure « des réticences, de la part des représentants des professionnels de santé qui estiment qu’une profession intermédiaire, autonome des pharmaciens, ne serait pas à même de protéger la santé publique en raison des actions complexes des plantes ».
Selon son rapporteur, le sénateur Joël Labbé, « cette mission a mis en lumière l’incroyable potentiel de la filière des plantes médicinales, notamment pour les territoires ruraux et les outre‑mer. Elle a aussi permis de poser les enjeux de la reconnaissance des métiers d’herboristes. Si nous ne sommes pas sortis avec des solutions clés en main sur ce sujet sensible, au carrefour du bien-être et de la santé, pour moi ce rapport n’est qu’une première étape : la mission a proposé la constitution d’un groupe de travail afin de poursuivre la réflexion. Je souhaite à titre personnel qu’il aboutisse à une proposition de loi ». À suivre.
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