En France, malgré le calendrier vaccinal, la couverture reste insuffisante pour de nombreuses vaccinations. En particulier celles contre le méningocoque C conjugué (jusqu’à 24 ans) et contre le HPV. S’y greffent actuellement des difficultés d’approvisionnement au niveau mondial en vaccins combinés contenant la valence coqueluche (ruptures d’approvisionnement réelles et durables en vaccins tétra- et pentavalents), et en vaccins méningococciques C monovalents. Ces difficultés qui mettent en péril l’application de la politique vaccinale ont nécessité une adaptation des stratégies vaccinales par le Haut Conseil de la santé publique.
Le médecin doit être convaincu
Et si cela ne suffisait pas… une pétition lancée par un ex-chirurgien cancérologue (Pr Joyeux) opposé à la vaccination contre l’hépatite B appelle les parents à différer la vaccination DTCaPolio tant que le vaccin hexavalent (dont il rejette la valence hépatite B) reste le seul disponible. L’auteur « considère ce vaccin comme inadapté et dangereux chez le nourrisson : manque de recul dans son utilisation (il dispose pourtant d’une AMM depuis 2000 soit 15 années d’utilisation…) ; association avec la sclérose en plaques (la "polémique" sur ce thème née il y a 20 ans est strictement française, de multiples études et rapports publiés depuis ont conclu systématiquement à l’absence de démonstration) », indique le Pr Grimprel. Ministère de la Santé, Académie de médecine, Société de pathologie Infectieuse de langue française, Association française de pédiatrie ambulatoire… ont tous réfuté les arguments du Pr Joyeux et ont vigoureusement condamné cette pétition.
Le Pr Grimprel précise que « très peu de parents sont réellement opposés à la vaccination. Ils sont par contre sensibles aux messages anti-vaccinaux qui circulent sur Internet, cherchent à avoir des informations et ont besoin d’être rassurés. Ils ont, en très grande majorité, confiance en leur médecin ». Pour convaincre du bien fondé des vaccinations, ce dernier « doit donc lui-même en être convaincu et doit pouvoir répondre à leurs interrogations ».
Des millions de vies sauvées
La vaccination sauve chaque année au moins 3 millions de vies dont la moitié d’enfants dans le monde. Elle représente le fondement de la médecine préventive. « Paradoxalement cette discipline est abordée de façon extrêmement succincte lors des études médicales », déplore le Pr Grimprel. Vacciner nécessite d’investir du temps (FMC…) pour connaître les maladies, les vaccins, ce qu’ils contiennent, leurs effets éventuellement indésirables. Les médecins manquent de temps. Le Pr Grimprel invite à : « ne pas confondre les effets indésirables connus, déclarés, répertoriés et décrits de façon exhaustive dans le Vidal et les rumeurs sans fondement scientifique qui circulent sur Internet. Ne nous contentons pas de sites internet non contrôlés, adressons-nous à ceux qui ont une vraie connaissance et peuvent y répondre, par exemple, www.ansm.sante.fr, ou bien www.infovac.fr, une organisation réunissant un groupe de pédiatres experts en vaccinologie dont les liens d’intérêt sont publiés et qui permet aux médecins qui se posent une question sur un vaccin d’avoir une réponse argumentée sous 48H ».
Les maladies invalidantes et mortelles vis-à-vis desquelles les vaccins protègent ont été peu à peu oubliées grâce à l’extraordinaire efficacité des vaccins. « De nombreux médecins expérimentés de 50 ans n’ont jamais été confrontés à la diphtérie en raison de la vaccination. Souvenons-nous de ce qu’est cette maladie, mais aussi le tétanos, la coqueluche, la rougeole, les infections invasives à Haemophilus influenzae b, pneumocoques, méningocoques… Sachons que si nous arrêtons de vacciner, ces maladies reviennent avec des pertes en vie humaines considérables. Les expériences passées dans le monde nous le rappellent, et la récente réapparition de la diphtérie en Espagne chez un enfant non vacciné n’en est qu’une piqûre de rappel », conclut le Pr Grimprel.
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