Préserver la Sécurité sociale, lutter contre les déserts médicaux et améliorer l'accès aux soins. Si les sept candidats à la primaire de la gauche s’accordent sur ces points, ils divergent cependant sur les moyens à mettre en œuvre.
Arnaud Montebourg (Parti socialiste) souhaite notamment augmenter le nombre de médecins sur le territoire en ouvrant le numerus clausus à la fin de la première année d’étude. Il propose une généralisation des maisons de santé et une organisation par l’Etat de l’offre de soins sur le territoire « en plaçant les médecins sortis de la fac de médecine, dans des territoires où il manque des médecins pour une durée de 3 ans ». En ce qui concerne les médicaments, il entend conditionner la mise sur le marché et le remboursement à ceux ayant fait preuve d’efficacité, et avoir « un contrôle plus appuyé sur les tarifs des produits des laboratoires pharmaceutiques, prenant en compte le rapport bénéfice médical/coût ». Enfin, il propose l’instauration d’une mutuelle à prix modéré, qu'organiserait la Sécurité sociale elle-même. Pour l’heure, son programme ne prévoit aucune révision du monopole pharmaceutique qu’il semblait pourtant avoir dans le collimateur lorsqu’il était ministre de l’Économie.
Afin de désengorger les services d’urgence, Jean-Luc Bennahmias (Front démocrate), plaide, lui, en faveur de l’ouverture de dispensaires, ouverts 24 heures sur 24, qui permettraient de « traiter les problèmes courants de la vie qui ne sont pas des urgences vitales ». Il souhaite aussi la reconnaissance « des médecines différentes, comme la médecine chinoise ou l'ostéopathie » afin « de répondre plus efficacement aux demandes de soins de nos concitoyens, tout en encadrant de façon plus efficace leur pratique ». Jean-Luc Bennahmias entend aussi faire participer l’industrie pharmaceutique à l’effort de santé publique et d’équilibre des comptes de l’assurance-maladie.
De son côté, François de Rugy (Le parti écologiste), avance une proposition originale pour lutter contre les déserts médicaux. Opposé aux mesures coercitives à l’endroit des médecins, il préconise la création d’un statut de professionnel de santé. Celui-ci « serait ouvert aux personnes qui ont une expérience de dix ans et qui exercent des professions paramédicales comme les kinésithérapeutes, les infirmiers, les pharmaciens », explique-t-il. Il précise : « L’État paierait deux années d’études dans le cadre d’un master médical puis, en contrepartie, ces praticiens iraient s’installer dans les endroits qui en ont le plus besoin. Ils seraient évidemment en lien avec un généraliste pour tout cas médical particulier. »
Benoît Hamon (Parti socialiste) avance une autre piste, celle du conventionnement sélectif. « Le conventionnement des médecins sera conditionné à l'installation dans une zone qui n'est pas déjà surdotée », indique-t-il. « Cette mesure n’entrave en rien la liberté d’installation du médecin, qui peut toujours choisir de s’y installer : il ne bénéficiera simplement plus du conventionnement », précise Benoît Hamon. L’ancien ministre délégué à l’Économie sociale et solidaire, dont le projet de loi consommation avait autorisé la vente des tests de grossesse et d’ovulation dans les grandes surfaces, souhaite aussi la création d'une mission nationale d'accès aux soins, intégrée aux ARS. Cette mission établirait « un diagnostic précis des besoins » dans chaque région, « centraliserait les offres » et encouragerait le modèle des maisons de santé pluridisciplinaires.
Pour sa part, Vincent Peillon (Parti socialiste) mise plutôt sur l’incitation. « Nous n’obtiendrons pas de résultat en utilisant des mesures autoritaires », affirme-t-il. Il précise : « Dans les zones sous dotées, il faut faciliter le cumul emploi/retraite des praticiens en fin d’exercice. Je propose aussi d’inciter les médecins remplaçants à exercer en zone déficitaire en leur accordant une réduction de charges et un abattement de l’impôt sur le revenu. » Par ailleurs, le député européen estime que la Sécurité sociale doit continuer de prendre en charge tous les risques. Afin d’améliorer l’accès des Français à une mutuelle, il préconise la mise en place d’une complémentaire santé publique. « Celle-ci pourrait être proposée par l’assurance-maladie et serait financée par la solidarité avec des cotisations et la CSG », souligne-t-il.
Pour faire reculer les déserts médicaux, Manuel Valls (Parti socialiste) est plus radical que ses adversaires. « Au vu des difficultés actuelles, nous n'avons plus d'autre choix que de limiter la liberté d'installation », assène l’ancien Premier ministre. Il plaide aussi pour la suppression du numerus clausus dans les études médicales et souhaite en « finir avec les dépassements d’honoraire en secteur II conventionné ». Manuel Valls propose également d’améliorer l'accès aux soins en remboursant à 100 % un ensemble de soins de ville. Enfin, il entend doubler le budget de la prévention santé et faire de la santé environnementale (pollution, particules fines, pesticides, perturbateurs endocriniens) une grande cause nationale.
Seule femme à concourir aux primaires citoyennes, Sylvia Pinel (Parti radical de gauche) se démarque également de ses concurrents en se déclarant favorable à la dispensation à l’unité des médicaments. Il s’agit pour elle de lutter contre le gaspillage. Rappelons que cette délivrance au comprimé près est actuellement expérimentée pour des antibiotiques. Sylvia Pinel mise aussi sur « la généralisation » de l’usage des génériques et, comme les autres candidats, compte s’attaquer à la désertification médicale. Elle entend par ailleurs engager « un combat déterminé contre les réseaux mafieux liés à la drogue par la légalisation encadrée du cannabis », qui serait disponible en pharmacie. Benoît Hamon, François de Rugy et Jean-Luc Bennahmias se disent également favorables à la légalisation du cannabis.
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