« Le plan PAERPA correspond vraiment à une action de prévention, et notre rôle de pharmacien n’est pas seulement de délivrer des ordonnances. Nous pouvons réagir avec le médecin et les autres professionnels de santé », affirme Jérôme Cattiaux. Ce confrère de Cambrai (Nord) a coordonné pour l’Union régionale des professionnels de santé (URPS pharmaciens) la mise en place du Plan pour les personnes âgées en risque de perte d’autonomie (PAERPA), lancé par la ministre Marisol Touraine en 2014. Huit régions l’expérimentent en France, et le Nord-Pas-de-Calais met particulièrement en avant le rôle du pharmacien et son URPS.
Cette expérimentation a commencé début 2015, pour une durée de cinq ans. Le bilan de l’ensemble des huit régions doit ensuite être analysé, et « les meilleures idées » permettront que le dispositif puisse être étendu à tout le pays. « Le plan vise les personnes âgées de plus de 75 ans entrées en urgence à l’hôpital, puis ressorties dans le cadre d’un maintien à domicile, précise Jérôme Cattiaux. L’expérimentation s’adresse à des personnes pouvant encore être autonomes, mais dont on sait que la santé peut être altérée par quatre risques s’ils ne sont pas prévenus. Ces quatre risques sont la dénutrition, la dépression, la chute, et l’inobservance médicamenteuse. Notre région et notre URPS pharmacien ont été retenues pour le risque médicamenteux. »
L’expérimentation est centrée autour de l’hôpital de Denain. Celui-ci prend contact avec le pharmacien de ville à la sortie du patient. Au cours d’un entretien, qui peut durer trente à quarante minutes, à l’officine ou au domicile du patient, le pharmacien va chercher à optimiser la prise du médicament prescrit. Expliquer qu’un anticoagulant se prend uniquement le soir, que huit comprimés de paracétamol vont lui bousiller le foie, quel est le meilleur moment pour prendre un hypnotique. Un protocole a été établi, que le pharmacien doit suivre. Il doit aussi s’assurer de la bonne compréhension de ce qu’il dit par le patient, ou faire aider la personne âgée par la famille ou un aidant. Un bilan doit être retourné à l’hôpital.
Les pharmaciens répondent massivement.
« Les refus des familles sont rares, poursuit Jérôme Cattiaux, car elles mesurent le problème que représente l’hospitalisation : la prévention permet d’éviter ou de limiter le retour à l’hôpital. Le plan PAERPA rassure puisqu’il associe tous les professionnels de santé de ville, médecin, infirmier, kiné. »
Dans le Nord Pas de Calais, l’expérimentation concerne le Valenciennois, le Denaisis, et le Quercitain. Le département du Nord et l’agence régionale de santé (ARS) ont été associés dès le départ. Les quatre-vingt-seize pharmaciens d’officine de ce secteur ont été visités, et quatre-vingt-un d’entre eux avaient signé la charte au 30 juin. À cette date, une cinquantaine de personnes âgées concernées faisaient l’objet d’un plan personnalisé de santé (PPS), piloté donc par le pharmacien de leur choix. Ce pharmacien a reçu l’ordonnance de l’hôpital, comme le médecin du patient. « Il faut expliquer au patient que chaque médicament correspond à une infection, et doit être pris le mieux possible. C’est l’objet de la conciliation qui a lieu avec lui le jour de sa sortie d’hôpital. »
« Le projet de ce plan remonte à la fin de 2013, reprend Jérôme Cattiaux. Tout au long de 2014, nous avons multiplié les réunions, les rencontres avec les autres URPS de la région, avec l’ARS, la région, puis avec l’hôpital de Denain. Pour nous, pharmaciens, c’est un prolongement de la loi Hôpital, Patients, Santé et Territoire (HPST) », qui reconnaissait aux pharmaciens d’officine l’exercice de nouvelles missions. La loi confirmait, en effet, le pharmacien dans des fonctions de prévention, de dépistage, de conseil personnalisé, de correspondance d’équipes de soins, etc. « Le patient qui entre à l’hôpital et qui en ressort en MAD doit être traité en aval, relève Jérôme Cattiaux. Si les professionnels de ville ne parviennent pas à maintenir chez elle une personne âgée, elle ira en EPHAD, et nous serons tous perdants. »
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