À PARTIR du 1er septembre 2016, les pharmaciens non titulaires du diplôme d’études spécialisées (DES) de pharmacie ne pourront plus travailler en pharmacie à usage intérieur (PUI), à moins d’y avoir déjà exercé pendant deux ans. C’est ce que prévoit un projet de décret, auquel « le Quotidien » a eu accès. Le texte indique que pour exercer au sein d’une PUI, le pharmacien doit être titulaire soit du DES de pharmacie hospitalière et des collectivités, soit du DES de pharmacie industrielle et biomédicale, soit du DES de pharmacie. « Ces dispositions ne s’appliquent pas aux pharmaciens sapeurs-pompiers volontaires exerçant au sein des pharmacies à usage intérieur des services départementaux d’incendie et de secours, ni aux pharmaciens militaires réservistes exerçant au sein des pharmacies à usage intérieur militaires une activité au titre d’un engagement à servir dans la réserve opérationnelle », précise néanmoins le projet de décret. Plusieurs dérogations sont également prévues, notamment pour les pharmaciens qui, à la date du 1er septembre 2016, ont exercé « soit à temps plein, soit à temps partiel, depuis une durée équivalente à deux ans à temps plein sur la période des dix dernières années ». Il sera également possible de reprendre un exercice au sein d’une PUI entre le 1er septembre 2016 et le 1er septembre 2024, à condition, là encore, de justifier à la date de reprise d’un exercice au sein d’une PUI d’une durée équivalente à deux ans pleins sur les dix dernières années.
Cloisonnement.
Ces mesures inquiètent fortement la Fédération des praticiens de santé (FPS), qui défend les praticiens étrangers. Moussa Oudjhani, responsable des pharmaciens à la FPS, a envoyé un courrier au directeur général de l’offre de soins pour protester contre ce projet. « Il nous apparaît clairement que certains pharmaciens diplômés hors de l’Union européenne (PADHUE) n’auront plus la possibilité d’intégrer les PUI à compter du 1er septembre 2016. Or, dans l’esprit des textes et du législateur, la vocation première des PADHUE est d’exercer dans les établissements de santé », pointe-t-il. De plus, il estime que ce texte va « à l’encontre de la fluidification des réseaux de soins ville-hôpital », en supprimant la passerelle officine de ville-hôpital, pour tous les pharmaciens qui n’ont jamais exercé en PUI. « Cela va créer de facto un cloisonnement d’exercice, qui va s’accompagner probablement d’une moins-value pour la prise en charge du patient », déplore Moussa Oudjhani. Pour lui, ce projet de décret est un « leurre ». « C’est une manœuvre qui permettrait soi-disant de favoriser les titulaires de DES, alors que, dans les faits, ils le sont déjà : les pharmaciens d’autres filières représentent moins de 10 % de ceux qui travaillent en PUI », note-t-il. Il juge que « les pharmaciens titulaires de ce diplôme auraient davantage besoin de postes supplémentaires en hôpital plutôt que d’un texte inutile comme celui-ci ».
Quant aux syndicats d’officinaux, ils n’ont pas été consultés sur ce projet de décret. Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) indique qu’il « peut reconnaître que l’exercice en PUI nécessite une certaine formation », mais il regrette que le futur décret « crée un cloisonnement qui empêche les confrères qui voudraient se réorienter de le faire ». Il note le « côté clivant » de ce texte, « qui ne permettra plus à un pharmacien qui a fait la filière industrie ou officine de revenir à l’hôpital. On crée deux catégories de pharmaciens et plusieurs catégories de PUI, car des exceptions sont prévues pour les sapeurs-pompiers, par exemple, souligne-t-il. Il faudra faire attention à ne pas se retrouver avec une insuffisance de professionnels », conclut-il.
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