Les antiviraux d’action directe, très coûteux mais très efficaces, permettent d’éliminer l’hépatite C dans plus de 95 % des cas. « C’est une véritable révolution : l’hépatite C est la seule maladie chronique virale dont on guérit. Ce n’est le cas ni pour le VHB ni pour le VIH », souligne le Pr Daniel Dhumeaux, hépatologue à l’hôpital Henri Mondor et coordonnateur d’un récent rapport ministériel sur l’hépatite C. Il y a encore peu de temps, l’accès de ces traitements était réservé aux patients ayant des fibroses sévères, puis il a été étendu, en juin dernier, aux fibroses moins sévères et aux patients ayant des manifestations extra-hépatiques ou des facteurs de risque de contamination. Ce qui représente la quasi-totalité des patients symptomatiques.
Désormais, l’objectif de la France devient beaucoup plus ambitieux : il vise à étendre le traitement à tous les patients, même asymptomatiques, afin d’éradiquer, ou plutôt de maîtriser l’endémie de l’hépatite C, d’ici à l’an 2030. « La Haute Autorité de santé (HAS) vient de se prononcer en faveur de cet accès universel, et la ministre de la Santé devrait intervenir sur ce thème avant la fin de l’année 2016 », dévoile Daniel Dhumeaux.
Mais d’autres conditions doivent être réunies pour se débarrasser de la maladie. Notamment, l’amélioration du dépistage. « Aujourd’hui, deux tiers des patients sont dépistés en France, mais il reste un tiers non identifié », avance Christophe Hézode, hépatologue à l’hôpital Henri Mondor et membre de l’Association française pour l‘étude du foie (AFEF). Pour les atteindre, il faut intensifier le dépistage dans les populations à risque, puis l’étendre à toute la population. « Dans le principe, il s’agirait proposer à tous les adultes de réaliser une fois dans leur vie un dépistage du VHC », poursuit le spécialiste. Les modalités de cette campagne nationale de dépistage restent encore à définir. Mais dépister ne suffit pas. Il faut ensuite que le système de santé soit suffisamment organisé pour prendre en charge ces nouveaux patients et assurer une éducation thérapeutique durant et après le traitement, afin de vérifier la bonne observance, mais aussi l’absence de réinfections ou de survenue de comorbidités (excès d'alcool, prise de poids, etc.). Enfin, l’éradication n’est pas envisageable sans poursuivre les efforts dans la prévention de la maladie, afin d’éviter l’apparition de nouveaux cas (matériel d’injection propre, etc.).
La mise en place de cette politique a été rendue possible grâce à l’apparition sur le marché des antiviraux d’action directe, dont l’efficacité est excellente tant sur la maladie hépatique que sur les autres manifestations : diabète, désordres cardiovasculaires, rénaux ou articulaires, mais aussi sur l’état général. « De 80 à 90 % des personnes chez lesquelles le virus a été éradiqué, nous disent très clairement : « je vais mieux, je suis moins fatigué, je retrouve une vie normale ! » Et cela, qu’elles soient à un stade avancé ou non de la maladie, jeunes ou âgées. De plus, les effets indésirables de ces traitements sont proches de ceux du placebo », évoque Christophe Hézode. Par ailleurs, dans un avenir proche, les traitements et les schémas thérapeutiques seront encore plus simples. « Alors qu’aujourd’hui on traite les patients en fonction du génotype viral (1 à 4), demain les nouveaux traitements seront efficaces pour tous les patients, quel que soit le génotype, avec un comprimé par jour pendant 12 semaines, voire 8 semaines ». L’espoir de contenir l’hépatite C n’a donc jamais été aussi proche.
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