Le 1er janvier dernier, la ville d'Avranches a fusionné avec la commune voisine de Saint-Martin-des-Champs. Le 1er mai prochain, la Pharmacie du Centre fusionnera avec la Pharmacie du Littré. Dans la commune remodelée du sud de la Manche, il restera deux pharmacies, au lieu de trois. La commune d'Avranches comptait plus de 10 000 habitants en 1975, 7 700 en 2016 ; elle repasse les 10 000 habitants avec la fusion. Mais des cinq pharmacies à Avranches, et une à Saint-Martin, au début de ce siècle, il n'en reste plus que quatre.
« La commune continue de perdre des habitants dans le centre-ville, des familles avec enfants notamment, alors qu'il a la chance d'avoir un commerce dynamique, les pas-de-porte sont vite repris, des petites boutiques ouvrent, non pas des enseignes », observe Bénédicte Duval, titulaire de la pharmacie du Littré, en hypercentre. Elle salue aussi les efforts que fait la commune pour réhabiliter ce centre, même si elle conteste la trop grande place laissée aux piétons, au détriment des voitures et du stationnement.
Bénédicte Duval a tenu trois officines à Avranches depuis quatorze ans, dont celle du Littré depuis quatre ans. Son regroupement avec Frédéric Bureau, titulaire de la Pharmacie du Centre, distante de 150 mètres, lui semble une évidence : là aussi, la démographie déclinante des médecins est en cause. « Il y a eu six généralistes en plein centre, rappelle-t-elle, il en reste un à mi-temps, les autres sont installés dans des cabinets plus extérieurs. Et les patients fréquentent la pharmacie la plus proche du cabinet médical. »
Répondre aux besoins de la population
Frédéric Bureau, titulaire depuis trois ans, précise leurs motivations complémentaires. Il s'est lui-même vite senti « à l'étroit intellectuellement », et souffrait du manque de temps pour faire autre chose que vendre des médicaments. La fusion avec Bénédicte Duval leur permet de répondre à des problèmes économiques et de faire des économies d'échelle, mais d'être surtout « reconnus dans notre compétence. Nous avons des patients très fidèles, nous leur devons les nouvelles missions du pharmacien, comme de tenir des entretiens, de vacciner ».
Ce confrère conteste pourtant l'organisation de la santé sur le territoire national, s'avouant « pas du tout libéral sur la question. Tant que l'État paie la santé, il faut obliger les médecins à se rapprocher des zones sensibles, les organiser géographiquement comme le sont les pharmaciens. Notre rôle à tous est de répondre aux besoins de la population ».
Ainsi regroupés à la Pharmacie du Littré, les deux ex-officines compteront deux titulaires, deux assistants, et cinq préparateurs en équivalent temps plein. Une pharmacie plus forte, à 30 mètres de l'officine de Brigitte Legras.
Brigitte Legras a été pharmacienne enseignante, hospitalière, chercheuse pendant trente ans. Les circonstances l'ont amenée à reprendre tardivement l'officine paternelle. Ses deux confrères lui ont proposé un regroupement à trois, avec eux, mais, à 72 ans, elle n'a pas souhaité cette nouvelle aventure. « Mais, tient-elle à préciser, nous avons une approche différente, et il n'y aura aucune concurrence commerciale, car tout s'est fait en bonne intelligence entre nous trois. »
Leur premier point de convergence est leur regret en constatant l'absence de médecin en centre-ville.
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