Auditionné par la commission d'enquête du Sénat sur le Covid-19, le Directeur général de la Santé (DGS), Jérôme Salomon, n'a pas été très convaincant lorsqu'il a dû s'expliquer sur la doctrine initialement défendue par le gouvernement au sujet des masques.
« Ne portez pas des masques, ils sont uniquement pour les malades, pour les transports sanitaires, pour les secours aux personnes et pour les soignants. » Pour quelle raison précise le DGS a-t-il défendu, le 17 mars dernier, cette préconisation aujourd'hui anachronique ? Si plus personne ou presque ne doute aujourd'hui que ce conseil n'avait d'autre origine que la pénurie de masques à laquelle la France était confrontée, Jérôme Salomon a tout de même éprouvé quelques difficultés à reconnaître l'évidence devant les sénateurs qui l'interrogeaient le 16 septembre. Au moment de répondre à la question : « Comment expliquez-vous ce retard ? » (sur l'incitation au port du masque), le numéro 2 du ministère de la Santé répond premièrement que « Non, ce n'est pas du tout (la pénurie) qui a guidé » les autorités. « Nous avons suivi l'évolution des connaissances (notamment sur) les différents modes de transmission du virus », précise-t-il. Poussé dans ses retranchements par les sénateurs, Jérôme Salomon finira tout de même par évoquer la question des tensions d'approvisionnement en masques au début de l'épidémie. « Quand je disais qu’il ne fallait pas porter un masque tout seul dans la rue, (...), début mars, nous avions de fortes tensions sur les masques. (…) Nous avions des vols et des personnes qu’on voyait avec des FFP2 ou FFP3 dans la rue. C’était peut-être une expression très maladroite de ma part », concède-t-il. Il faudra attendre le 2 avril pour qu'il incite le grand public à porter des masques alternatifs « s'il le souhaite ».
Les sénateurs ont également questionné Jérôme Salomon sur les commandes de masques, qui sont restées très modestes jusqu'à la fin du mois de février. « Je sais que des professionnels ont manqué de masques, c’est absolument dramatique. Mais beaucoup de professionnels ont travaillé dans de bonnes conditions car ils ont été livrés. » Une manière de voir le verre à moitié plein que les professionnels de santé qui n'ont pas eu la chance d'être livrés sauront sans doute apprécier.
Avec Public Sénat
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