L’annonce récente d’un nouveau plan national de lutte contre le tabac est saluée dans le « Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire » consacré aux cancers évitables en France. Le tabac, premier facteur de risque de cancer, est en cause dans 20 % des cas (n = 68000) en 2015, révèle une étude coordonnée par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC).
Néanmoins, l’alcool vient en seconde place, responsable de 8 % des nouveaux cas en 2015, suivi par l’alimentation (5,7 %) chez les hommes et le surpoids et l’obésité (6,8 %) chez les femmes.
Dans un éditorial, le Dr Christopher Wild, directeur du CIRC, le Pr Norbert Ifrah, président de l’INCa et le Pr François Bourdillon, directeur général de Santé publique France regrettent que des actions de prévention aussi volontaristes ne soient pas mises en œuvre pour le trio alcool, alimentation, surpoids ou encore pour l’infection HPV, contre lesquels il existe des armes « efficaces ».
Quand le vin fait polémique
Les chiffres parlent d’eux-mêmes et les éditorialistes insistent sur l’information à délivrer au grand public… mais aussi aux décideurs. L’hiver dernier, une polémique autour du vin, a fait vivement réagir. À la veille du Salon de l’Agriculture, le chef de l’État, Emmanuel Macron, avait réitéré son refus d’un durcissement de la loi Evin, désavouant la ministre de la santé Agnès Buzyn, qui avait rappelé quelques jours plus tôt « le vin est un alcool comme un autre ». Des défenseurs de la santé publique avaient alors apporté leur soutien à la ministre et réclamé un nouveau plan alcool.
Et autres croyances erronées
« Certaines croyances erronées sur les facteurs de risque sont en effet répandues dans la population », écrivent les auteurs d’après les résultats du Baromètre cancer 2010. Un tiers des Français considéraient alors qu’il était impossible de prévenir le cancer. Plus alarmant, les choses ne vont pas en s’arrangeant, dévoilent les éditorialistes d’après les résultats du Baromètre 2015 (à paraître). « Trop de personnes enquêtées se représentent que boire des sodas ou consommer des hamburgers serait aussi mauvais pour la santé que boire de l’alcool (68,8 % en 2005 vs 76,0 % en 2015), ou que la pollution atmosphérique causerait davantage de cancers que l’alcool (54,7 % en 2005 vs 66,9 % en 2015) », argumentent-ils.
Un consensus institutionnel sur la méthode
Par rapport à l’édition précédente de 2000, cette réactualisation a mobilisé 80 experts des principales institutions de recherche françaises. L’analyse y a été élargie à 13 facteurs de risque : tabac, alcool, alimentation, surpoids et obésité, activité physique insuffisante, hormones exogènes, durée d’allaitement sous-optimale, infections, radiations ionisantes, pollution atmosphérique, rayonnement UV, expositions professionnelles, exposition aux substances chimiques en population générale (arsenic dans l’eau, benzène dans l’air intérieur).
Certains cancers sont hautement dépendants de facteurs de risque modifiables, jusqu’à 100 % pour le cancer du col de l’utérus (virus HPV) et du sarcome de Kaposi (herpès virus), est-il rappelé. Viennent ensuite les cancers du larynx, de l’anus et du poumon, avec respectivement 92 %, 91 % et 87 % d’entre eux attribuables aux facteurs de risque étudiés. En nombre absolu, les localisations de cancer pour lesquelles le nombre de cas attribuables est le plus élevé sont les cancers du poumon (35 000 cas), du sein (20 000 cas) et colorectal (19 000 cas).
Davantage de cancers liés à la sédentarité chez les femmes
Les hommes sont plus concernés par les cancers évitables avec 84 000 nouveaux cas contre 58 000 chez les femmes. Si le tabac et l’alcool sont les deux causes majeures dans les deux sexes, les fractions attribuables qui différent le plus sont le tabagisme (29 % vs 9,3 %), les expositions professionnelles (5,7 % vs 1,0 %), et le manque d’activité physique (0,2 % vs 1,6 %). Pour le tabac, « l’entrée en masse des femmes dans le tabagisme » pour les générations nées entre 1945 et 1965 aura « des conséquences néfastes jusque vers 2045 », prédisent les auteurs.
L’alcool est la 2e cause de cancers en France. « La consommation d’alcool est aujourd’hui très élevée en France et concerne principalement le vin (59 %), suivi par les alcools forts (21 %) et la bière », est-il rappelé. Alors que la consommation en France est de 2,6 verres par jour, un rapport d’expert de mai 2017 recommande de ne pas consommer plus de 10 verres standards par semaine avec des jours sans consommation. « Ces repères doivent être largement connus et accompagnés de stratégies de marketing social et du soutien des professionnels de santé », écrivent les auteurs. Ce même rapport « rappelle l’entière responsabilité des pouvoirs publics dans la politique de prévention », est-il souligné.
Dispensation du médicament
Tramadol et codéine sur ordonnance sécurisée : mesure reportée !
Formation continue
Transmission automatique des actions de DPC : les démarches à faire avant le 30 novembre
Relocalisation industrielle
Gel des prix sur le paracétamol pendant 2 ans : pourquoi, pour qui ?
Salon des maires
Trois axes d’action pour lutter contre les violences à l’officine