À ce jour, l'assurance-maladie a dépensé 300 millions d'euros pour rémunérer les professionnels de santé qui réalisent des tests antigéniques. Des discussions sont en cours pour réévaluer le montant des forfaits octroyés pour la réalisation de ces tests disponibles depuis maintenant près de six mois.
Près de 12,5 millions de tests antigéniques ont été réalisés entre novembre 2020 et le début du mois d'avril. Un outil de dépistage dont les pharmaciens se sont massivement emparés, 85 % des tests antigéniques ont en effet été réalisés par les officinaux et plus d'une pharmacie sur deux (52 %) « en a pratiqué au cours des 7 derniers jours », selon les chiffres d'IQVIA. Si les tests antigéniques occupent aujourd'hui une place de choix dans la stratégie de dépistage, l'assurance-maladie souhaite désormais faire des économies sur les montants versés aux professionnels de santé qui les pratiquent. Aujourd'hui, le montant du forfait perçu par les pharmaciens est fixé à 33,50 euros, mais « des discussions sont en cours avec les professionnels de santé pour réexaminer globalement la rémunération de la réalisation de ces tests », comme l'a confirmé l'assurance-maladie à « France Info ».
Il y a une dizaine de jours, l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO) réalisait un sondage pour évaluer les conséquences d'une baisse de cette rémunération des pharmaciens. Sur les 2 850 pharmaciens qui ont répondu, « 41 % ne réaliseraient plus de tests antigéniques si l'indemnité passait à 30 euros ». Si le forfait passait sous la barre des 30 euros, près de 3 pharmaciens sur 4 y renonceraient. Pour Gilles Bonnefond, président de l'USPO, le risque de voir les officinaux se désengager en cas de baisse de l'indemnité est donc très fort. « Le tarif en vigueur n'est pas surévalué, estime-t-il. Il faut prendre en compte le temps que le pharmacien doit y consacrer, notamment pour expliquer au patient ce qu'il doit faire s'il est positif, considérer le nombre de membres de l'équipe officinale qui sont impliqués et exposés, sans oublier le coût des équipements de protection individuels (EPI) qui ne baisse pas ces derniers temps, bien au contraire ». Gilles Bonnefond aimerait que l'assurance-maladie n'oublie pas les bénéfices offerts par les tests antigéniques : « Ils permettent d'éviter des contaminations. L'assurance-maladie parle du coût des tests antigéniques mais elle devrait davantage prendre en compte les économies qu'ils génèrent. »
À l’instar de Gilles Bonnefond, Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) estime que la baisse de l'indemnité pour les tests antigéniques « n'est pas inéluctable ». « Fixer les tarifs dans une période telle que celle que nous vivons, c'est la responsabilité de l'État. Si jamais la rémunération pour les tests antigéniques diminue, je n'inciterai jamais les pharmaciens à ne plus en réaliser », précise-t-il néanmoins. Le président de la FSPF est davantage irrité par la sous-évaluation de la rémunération pour la vaccination anti-Covid, qui devrait selon lui s'établir à 9,70 euros et non à 7,70 euros. « Penser à diminuer un acte correctement rémunéré sans penser à en réévaluer un autre qui, lui, n'est pas suffisamment bien payé, c'est un peu fort de café. Si l'on baisse le montant de la rémunération pour les tests antigéniques et que dans le même temps on augmente celle pour la vaccination anti-Covid, là il y aurait une forme de logique », juge-t-il.
Les préconisations de l'assurance-maladie sont aujourd'hui entre les mains du gouvernement mais nul ne sait aujourd'hui quand l'exécutif tranchera sur cette question.
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