Un point rouge et une inscription : « Pharmacie 1er recours » : Marc Alandry a apposé cet autocollant sobre sur la vitrine de son officine de Couiza, dans la Haute vallée de l’Aude. Bien plus qu’un simple logo, c'est un label que le pharmacien a créé et qu’il voudrait faire reconnaître pour sa pharmacie et pour celles de ses confrères de cette vallée pyrénéenne. Et bien au-delà même, puisque des pharmaciens des Vosges et du Massif central se sont montrés intéressés par ce concept.
Marc Alandry se bat aujourd’hui pour faire reconnaître officiellement les prédiagnostics et les orientations qu’il pratique au quotidien auprès de ses patients dans un territoire où les professionnels de santé travaillent de concert, mais où le temps médical est réduit à cause des distances parcourues par les médecins.
Son officine dispose d’une salle d’observation dotée d’un lit et du matériel médical de premier recours. « Il n’est pas rare que les pompiers viennent à la pharmacie », ajoute le titulaire, lui-même pompier volontaire dans une commune située à 45 km des urgences les plus proches. Pour Marc Alandry, installé depuis vingt ans, il y a aujourd’hui urgence « à valoriser et à préserver » ce service rendu par ces pharmacies de proximité - en milieu rural comme dans les quartiers isolés - avant qu’elles ne disparaissent. « Je peux encore tenir cinq ou six ans, pas davantage. Certains de mes confrères ne pourront survivre plus de deux ou trois ans », déclare, lapidaire, le titulaire. Endetté, il estime que la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS 2018) pourrait donner le coup de grâce aux officines comme la sienne dont l’activité repose à 85 % sur les prescriptions. « Nous ferions alors partie du lot des 2 000 pharmacies rayées de la carte que cible le rapport de la Cour des comptes », dénonce-t-il.
Une activité rémunérée
Au-delà du déclin du maillage officinal, le pharmacien prédit la perte de la cohésion sociale sur ces territoires. « Si nos médecins s’en vont, si nos pharmacies disparaissent, si nos pompiers partent, si nos écoles ferment, si nos associations périclitent et que nos villages se meurent, alors que nous restera-t-il ? », s’interroge-t-il dans une pétition en ligne adressée à Agnès Buzyn, ministre de la Santé, alors qu’une première version papier a recueilli plus de 3 000 signatures et l’appui de 70 maires des communes avoisinantes.
Syndiqué depuis dix ans à la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) dont il est vice-président départemental et vice-président de l’Association de pharmacie (APR), il a devancé la campagne lancée début février par la FSPF. Aujourd’hui, Marc Alandry mène cependant une seconde bataille. Se fondant sur le modèle écossais de la pharmacie de 1er recours, il compte sur les relais politiques régionaux pour porter le dossier d’une expérimentation auprès de la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale. Le projet reposerait sur la labellisation de ces pharmacies et leur rémunération. « Avec de vrais honoraires et non une ROSP », insiste le titulaire.
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