Pour obtenir son passe vaccinal, rien de plus simple : il suffit d’avoir un schéma vaccinal initial complet, suivi d’une dose de rappel dans un intervalle de 7 mois. Oui mais… Rien que la question du schéma initial peut se complexifier en fonction du vaccin reçu ou du fait d’une infection au SARS-CoV-2. À cela s’ajoute l’évolution continue des règles à la faveur de l’enrichissement des connaissances scientifiques et du recul sur les mesures appliquées. Ainsi cet intervalle de 7 mois pour faire la dose de rappel va-t-il être réduit à 4 mois au 15 février prochain. Ce qui vaut pour tous les Français de 18 ans et plus, et bien évidemment par ricochet pour l’ensemble des professionnels de santé soumis à l’obligation vaccinale, et qui eux doivent être à jour de leur rappel depuis le 30 janvier.
• Un schéma initial complet, c’est quoi ?
Pour les personnes vaccinées avec Pfizer-BioNTech, Moderna et AstraZeneca, le schéma est considéré comme complet dès lors qu’elles ont reçu deux doses, que ce soit en vaccination homologue ou hétérologue. Il est également considéré comme complet si une infection au SARS-CoV-2 est survenue (certificat de rétablissement) et qu’une dose vaccinale a été administrée selon le schéma une infection + une dose ou une dose + une infection.
En cas de vaccination avec Janssen, initialement prévu pour être monodose, une dose additionnelle avec un vaccin à ARNm doit être injectée pour obtenir un schéma complet. Si cette dose additionnelle est réalisée avec Moderna, il faut bien injecter une dose entière, et non une demi-dose comme lorsque ce vaccin est utilisé comme booster.
• Le rappel est-il obligatoire pour bénéficier du passe vaccinal ?
Oui. À ce stade, la dose de rappel doit être réalisée avec un vaccin à ARNm quel que soit le schéma initial reçu (si les autorités sanitaires recommandent de permettre le rappel avec le vaccin Janssen, puis quand il sera disponible avec celui de Novavax, le gouvernement n’a pas encore fait connaître sa décision). Elle est possible dès 3 mois après le schéma initial et doit intervenir dans les 7 mois pour conserver un passe vaccinal valide. Attention ! La règle change au 15 février : le booster reste possible dès 3 mois mais doit impérativement être effectué avant 4 mois. Au-delà, le passe vaccinal sera invalidé jusqu’à ce que la dose de rappel soit réalisée.
• Les Français sont-ils réticents au rappel ?
Selon les calculs du gouvernement au 25 janvier, 9 millions de Français à jour de leur schéma initial mais n’ayant pas encore effectué leur dose de rappel pourraient perdre leur passe vaccinal le 15 février, lorsque l’intervalle à respecter sera donc de 4 mois. Pour le dire autrement : 9 millions de Français doivent recevoir une dose de rappel d’ici au 15 février. Sachant que 41 % des vaccinations anti-Covid sont réalisées en ville, les libéraux font face à une vague de près de 3,7 millions de rappels à faire en moins de trois semaines, dont plus de 2 millions devraient avoir lieu en pharmacie.
Pour autant, les Français ne se montrent pas réticents au rappel puisqu’au 23 janvier, 99 % des éligibles (calcul sur un intervalle de 7 mois actuellement) l’ont réalisé, soit près de 34 millions de boosters administrés.
• Doit-on faire le rappel en cas de Covid survenu après le schéma initial ?
En cas d’infection au SARS-CoV-2 après le schéma initial, le certificat de rétablissement est valable pendant 6 mois après infection… jusqu'au 15 février. À cette date, sa validité sera réduite à 4 mois. Il permet de bénéficier du passe vaccinal sur ce laps de temps. Mais cette fois, l’infection ne remplace pas la dose de rappel, celle-ci doit donc être injectée pour conserver le passe vaccinal avant expiration du certificat.
• Les règles sont-elles les mêmes pour les mineurs soumis au passe vaccinal ?
En effet, après tergiversations au Parlement sur l’âge d’application du passe vaccinal, celui-ci concerne tous les Français dès 16 ans (et non 12 ans ou 18 ans). Les mineurs sont soumis à la même obligation de schéma initial. Dans leur cas, seul le vaccin Pfizer leur est proposé. Le rappel vaccinal leur est ouvert depuis le 24 janvier, mais contrairement à la population majeure, il n’est pas exigible pour bénéficier du passe vaccinal pour les 16-17 ans, le schéma initial suffit. Quant aux 12-15 ans, ils restent soumis au passe sanitaire.
• Que se passe-t-il pour les Français ayant tout juste commencé leur vaccination anti-Covid ?
Le gouvernement a mis en place une mesure spécifique permettant aux personnes qui reçoivent leur première dose vaccinale d’ici au 15 février de bénéficier du passe vaccinal à deux conditions : réaliser la 2e dose dans les 28 jours (puis le rappel dans les 4 mois) et présenter un test PCR ou antigénique négatif de moins de 24 heures. En cas d’infection au SARS-CoV-2 plus de 15 jours après cette première dose, cela vaut pour une 2e injection et le certificat de rétablissement permet de bénéficier du passe pendant 4 mois, au bout desquels il faudra effectuer le rappel.
• Une personne non vaccinée mais ayant eu le Covid bénéficie-t-elle du passe vaccinal ?
Oui, sur la base de son certificat de rétablissement, elle bénéficie du passe vaccinal lorsque l’infection a été contractée il y a moins de 6 mois mais plus de 11 jours. Le certificat est valable 6 mois (jusqu'au 15 février, sa validité sera ensuite de 4 mois), au-delà, la personne doit recevoir une dose vaccinale pour compléter son schéma initial sur le modèle une infection + une dose, puis un rappel dans les 4 mois.
• Le certificat de contre-indication vaccinale donne-t-il accès au passe vaccinal ?
Tout comme pour le passe sanitaire, le certificat de contre-indication à la vaccination qui doit être établi sur un formulaire spécifique par un médecin, permet de bénéficier du passe vaccinal. C'est aussi le cas du certificat de rétablissement attestant d'une infection survenue il y a plus de 11 jours et moins de 6 mois jusqu'au 15 février, ce délai passe à 4 mois après cette date. Seuls les tests PCR antigéniques positifs permettent de bénéficier de ce certificat, et non les autotests.
• Faudra-t-il une 4e dose vaccinale ?
Si la question n’est pas définitivement tranchée, le Pr Alain Fischer, président du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale (COSV), rappelle qu’elle est déjà préconisée « chez 250 000 à 300 000 personnes très immunodéprimées ». La recommandation dans cette population est spécifique : un schéma initial à deux ou trois doses avec une surveillance sérologique quantitative après la 2e (et la 3e dose le cas échéant), puis une 3e (ou 4e) dose chez les sujets dont la réponse vaccinale est positive mais faible. Un rappel est recommandé trois mois après la dernière dose, toujours si la réponse vaccinale est positive.
En revanche, la 4e dose en population générale n’est pas à l’ordre du jour. Dans son avis du 19 janvier qui vient tout juste d'être publié, le COSV « considère que les données disponibles n’appellent pas actuellement à la mise en place d’un second rappel vaccinal ». Pour le moment, « aucun élément d’information consistant ne suggère que la protection contre la survenue de formes graves conférée par un rappel vaccinal diminue dans le temps », un second rappel n'apporterait donc « pas de bénéfice individuel significatif » et l'intérêt collectif apparaît « limité à court terme ». Quant aux données israéliennes sur la 4e dose, les seules disponibles à ce stade, elles se limitent à démontrer une augmentation du taux d'anticorps, de façon plus limitée que pour les doses précédentes, et ne permettent pas de savoir l'efficacité sur les formes graves, la durée d'efficacité de ce 2e rappel et sa capacité de protection face à Omicron. La Haute Autorité de santé doit encore rendre son avis sur la question. De son côté, le ministre de la Santé rassure : « À la question de savoir si aujourd’hui les Français sont en danger sans cette 4e dose, la réponse est non. Si cette réponse évolue, des décisions seront prises, puissamment inspirées par les connaissances scientifiques du moment. »
• Quand le passe vaccinal sera-t-il levé ?
Il n’est pas inscrit dans la levée progressive des mesures anti-Covid annoncée par l’exécutif aux 2 et 16 février prochain. Interrogé à plusieurs reprises sur les critères choisis pour l’arrêt de son utilisation, le Premier ministre Jean Castex a indiqué qu’une suspension serait possible en cas de « très forte baisse de la pression hospitalière », notamment en termes de nombre de patients Covid en réanimation. Le ministre de la Santé ajoute qu’il est nécessaire d’avoir une situation sanitaire stable et sous contrôle et qu’aucun seuil chiffré n’a encore été fixé. « Quand le nombre de malades en réanimation sera beaucoup plus bas, qu’il n’y aura plus de déprogrammation de soins et que nous ne serons plus sous la menace imminente d’une épidémie à plus de 300 000 contaminations par jour, nous pourrons discuter de la levée du passe vaccinal. Mais en l’état, et à moins de nouvelles données scientifiques d’ici là, nous ne pourrons pas le faire au 16 février, c’est un outil dont nous avons encore besoin. »
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