L’HONORAIRE à la boîte ne convient pas à l’UNPF. Le syndicat lui préfère un honoraire à l’ordonnance, lié à un acte intellectuel. Il défend également l’idée d’un honoraire de « responsabilité » pour les médicaments innovants et un autre pour la préparation des doses à administrer (PDA). La raison ? Les vagues de baisses de prix qui se succèdent vont effacer le gain attendu avec la réforme de la rémunération. Car cette dernière devait bien permettre d’améliorer les revenus des pharmaciens. Selon Martin Muller, chargé de l’économie au sein de l’UNPF, l’instauration de l’honoraire à la boîte de 0,82 euro permettra à chaque officine de dégager un gain supplémentaire de 300 euros. Auxquels il faut ajouter l’honoraire pour les ordonnances complexes qui va, lui, rapporter 2 100 euros par pharmacies. En revanche, le capage de la troisième tranche de la marge dégressive lissée (MDL) va entraîner une perte d’environ 30 millions d’euros pour le réseau. « C’était l’un des rares relais de croissance de notre économie qu’on nous a retiré », déplore Martin Muller. Au total, explique-t-il, « les seules baisses de prix enregistrées entre décembre 2014 et janvier 2015 ont déjà impacté de 1 300 euros par officine les marges, et la nouvelle marge n’atténue que de 10 % l’impact de ces baisses de prix ». « L’honoraire ne permet pas au pharmacien de conserver une rémunération stable en cas de baisses de prix », conclut-il.
Et si le paracétamol changeait de conditionnement, on risquerait alors de vivre un scénario catastrophe. Ce qui pourrait bien arriver « entre 6 mois et un an », indique le président de l’UNPF, Jean-Luc Fournival. Des industriels lui auraient en effet confié que le passage du boîtage du paracétamol à 32 comprimés était en préparation, sous la pression du ministère. Ce qui conforte la position de l’UNPF vis-à-vis de l’honoraire à l’ordonnance. Le syndicat souhaiterait également que soit définitivement levée l’ambiguïté sur le paiement de l’honoraire lors d’une dispensation hors prescription. Certes, le ministère de la Santé indique sur son site Internet que la réforme s’applique à l’ensemble des médicaments remboursables, qu’ils aient été prescrits ou non (« le Quotidien » du 26 janvier). Mais qu’en pense Bercy ? « Nous allons adresser un courrier au ministère de l’Économie pour lui demander sa position sur ce sujet », annonce Jean-Luc Fournival. Pourtant, souligne le président de l’UNPF, « les autorités de tutelle nous avaient affirmé que cet aspect serait légalisé ». Or, aujourd’hui, le texte se fait attendre et des groupements s’engouffrent dans la brèche. Et peut-être bientôt certains en profiteront pour exempter d’honoraires les patients qui achèteront des médicaments en ligne.
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