La relation entre les acteurs du secteur du médicament est souvent comparée à une chaîne. L’image est aussi parlante pour souligner que le maillon de la répartition pharmaceutique est aussi essentiel que méconnu. Désormais, il faut ajouter qu’il est en danger.
Chaque jour près d’un Français sur deux consomme un médicament* et ils sont 4 millions à aller en pharmacie. On mesure combien doivent être efficaces cette chaîne et les missions garanties par nos entreprises.
Cependant, nos difficultés économiques ont pris en 2017 une ampleur sans précédent. Aujourd’hui, nous interpellons le gouvernement pour obtenir une réforme vitale et nous faisons appel à la responsabilité de tous.
Pharmacie des pharmacies
Depuis toujours, nous sommes « La pharmacie des pharmacies ». Quotidiennement, 12 000 collaborateurs, dont plus de 350 pharmaciens, sécurisent la chaîne du médicament avec une gestion des stocks rigoureuse, des approvisionnements maîtrisés au mieux, des contrôles pharmaceutiques exigeants et des livraisons fiables.
Nous sommes fiers d’assurer des obligations de service public et de répondre aux attentes des pharmaciens. Fiers aussi d’assurer une démarche d’intérêt général avec CYCLAMED. Fiers, enfin, que l’État compte sur nous en cas de crise sanitaire ou d’incidents nucléaires pour garantir la mise à disposition des traitements.
Nous tenons à être aussi responsables en avertissant que le modèle français de la répartition est menacé. Les chiffres sont implacables : alors que le chiffre d’affaires de la répartition représente 17Mds d’euros, la marge opérationnelle de la profession a chuté à moins de 5 millions d’euros en 2016. Elle était de 100 millions, 4 ans auparavant et de 200 millions en 2008 !
Une marge au plus bas
Depuis 10 ans, l’État nous a fait subir des mesures négatives répétées. En 2008 puis en 2012, des arrêtés de baisse de marge, couplés à la diminution des prix des médicaments, ont réduit les ressources de la profession de 239 millions ; sans oublier la persistance d’une fiscalité particulièrement pénalisante. L’État a imposé ces décisions dans un contexte dégradé, avec une montée en puissance des génériques (près de 40 % de l’activité des répartiteurs contre 14 % quand a été décidée la rétrocession de la marge des répartiteurs aux pharmaciens) et un marché du médicament moins dynamique.
La répartition a réagi et a évolué alors que le volume d’activité est resté identique puisque le nombre de boîtes traitées et distribuées est stable. Elle a gagné en productivité, réduit ses effectifs de près de 10 %, rationalisés ses implantations tout en conservant un maillage territorial optimal. Mais, ces économies ont des limites et elles sont atteintes. Toutes les entreprises de la répartition étant concernées, c’est le modèle de répartition qui est en danger.
Une telle menace survient au moment où les Français veulent une stricte égalité d’accès et de disponibilité des médicaments, pour tous et partout en France. 92 % d’entre eux jugent que cette égalité d’accès est essentielle, quel que soit le lieu où ils résident*. Et, parce qu’il s’agit d’une obligation de service public, fixée et contrôlée par les pouvoirs publics, ils demandent à 62 % que l’État assure l’équilibre économique de la répartition.
La réforme est devenue cruciale
Durant 10 ans, les gouvernements ont nié les effets de leurs mesures. Désormais, le rapport de l’IGAS et celui de la Cour des comptes apportent les preuves incontestables de la dégradation économique de notre secteur.
Les pouvoirs publics ne peuvent donc plus reculer et renvoyer dos à dos les acteurs de la chaîne du médicament. L’enjeu nous concerne tous : rétablir l’équilibre économique de la répartition et maintenir les obligations de service public. La réforme doit nous permettre de continuer à irriguer sans distinction les officines, de garantir l’accès et la disponibilité des médicaments pour tous les Français et partout.
La Ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, a visiblement pris la mesure de la fragilisation sans précédent de la répartition. Elle a officiellement annoncé l’ouverture de négociations entre notre organisation professionnelle (la CSRP) et les services du ministère, dès le mois de mai.
Nous mesurons la portée de cette avancée. Nous restons vigilants et constructifs en posant des conditions réalistes pour la réussite de ces négociations. En particulier, la réforme doit se concrétiser dès cette année et acter une évolution positive du périmètre économique.
2018 sera une année cruciale pour l’avenir de la répartition et de ses missions. Parce que la force d’une chaîne dépend bien de la solidité de chacun de ses maillons, l’attention et le soutien que vont nous apporter les pharmaciens constitueront un véritable atout.
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