LA RÉMUNÉRATION des pharmaciens suisses comprend une marge sur le médicament délivré, en fonction de son prix fabricant. Ils touchent une marge en pourcentage (12 % pour un prix fabricant allant jusqu’à 879,99 francs suisses ; 7 % au-delà et jusqu’à 2 569,99 francs suisses ; 0 % pour les prix supérieurs), ainsi qu’une marge fixe de 4 à 240 francs (6 tranches) selon le prix industriel. Cette marge de distribution est complétée depuis 1999 par la rémunération basée sur prestation (RBP). Il s’agit d’un forfait validation médicaments (à la ligne) de 4,90 francs suisses et d’un forfait validation traitement (à l’ordonnance) de 3,70 francs suisses. L’objectif ? Rendre les pharmaciens moins dépendants des prix et des volumes.
Depuis l’instauration de cette rémunération mixte, le marché du médicament a changé de visage. Les pharmaciens assistent à une déferlante de références peu chères – les génériques – et les innovations lancées aujourd’hui se chiffrent en milliers de francs suisses. Les discussions sont en cours et les pistes envisagées pour restructurer la rémunération devraient être présentées en juillet prochain. Seule certitude : la Suisse veut continuer à privilégier les médicaments à bas coût et à économiser plusieurs millions de francs suisses chaque année. Depuis 2012, le Conseil fédéral impose des baisses de prix sur les médicaments remboursables, après comparaison des prix pratiqués à l’étranger, et notamment en France. Les réévaluations entre 2012 et 2014 ont généré une économie de plus de 600 millions de francs suisses, dont 80 millions annuels prélevés sur les pharmacies. Cette lourde mise à contribution met en difficulté de nombreuses officines, qui ne parviennent ni à compenser les pertes ni à couvrir des charges qui ne cessent d’augmenter.
Coup de machette.
Au Québec, la situation est d’autant plus tendue que le ministère de la Santé a annoncé, fin 2014, une coupe budgétaire de 177 millions de dollars canadiens imputables directement aux pharmacies. Soit une perte sèche d’environ 100 000 dollars canadiens par an et par pharmacie. La taille va intervenir sur les rémunérations associées à la préparation de pilulier, aux ordonnances de moins de 7 jours et à certains médicaments à haut volume d’utilisation. Les pharmaciens propriétaires auraient préféré une révision de la structure de rémunération qui date de 1972 et une revalorisation de leur rôle de professionnel de santé. Ils ont obtenu une maigre compensation : la possibilité d’effectuer sept nouvelles missions, dont quatre sont interdites de toute rémunération. Les trois qu’ils pourront facturer sont « la prescription d’un médicament lorsqu’aucun diagnostic n’est requis », la prescription dans « une maladie mineure » et l’ajustement d’une ordonnance. Trois missions budgétisées par le ministère de la Santé du Québec à 17,7 millions de dollars. Une paille face au coup de machette de 177 millions de dollars annoncé. Si la loi est votée en l’état, les pharmaciens québécois annoncent la couleur. Pour faire face, ils devront réduire leur masse salariale, leurs heures d’ouverture, les services et le temps passé à conseiller les patients. Un recul en matière d’accessibilité aux soins de premiers recours.
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