LES SYNDICATS sont unanimes, « l’affaire du Médiator n’est pas sans conséquence » pour l’avenir du médicament. Le projet de loi sur le renforcement de la sécurité sanitaire actuellement en discussion confirme cette mutation. De nouvelles règles vont régir le marché. Exit les fausses innovations sans plus-value thérapeutique et la visite médicale sera plus que jamais encadrée. À cela, il faut ajouter la pression sur les prix, l’incitation des médecins à prescrire mieux et moins cher, un meilleur encadrement de la prescription hors AMM et un renforcement des autorités de santé… Autant de raisons qui vont transformer le marché et entraîner des conséquences lourdes sur les revenus des pharmaciens. D’où l’enjeu d’un changement du mode de rémunération.
D’accord sur le constat, les syndicats le sont également sur leurs propositions, comme ont pu le constater les participants du 43e Forum Giphar, à La Rochelle. Les trois organisations plaident ainsi en faveur d’une augmentation des parties fixes dans la rémunération. « On introduit trois niveaux supplémentaires de rémunération : au patient, à la dispensation, à la ligne, explique Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Ce sont trois outils nouveaux qui sont indépendants du prix du médicament, donc des variables qui vont pouvoir être ajustées en fonction de l’évolution du marché sans être impactées par les volumes. » Les syndicats souhaitent un passage progressif au nouveau dispositif, sous la forme d’un contrat sur cinq ans entre les pharmaciens et l’assurance-maladie. Avec deux préalables : pas de vente de médicaments sur Internet et arrêt des conditionnements trimestriels.
Relais de croissance.
Cette évolution de la rémunération s’impose dans un contexte économique difficile pour l’officine. Il faut donc trouver des relais de croissance. Là encore, les syndicats pharmaceutiques ont leur idée : les nouvelles missions. « Ce sont des actes nouveaux, que nous ne faisions pas jusqu’alors et qui apportent une plus-value au patient », indique Gilles Bonnefond. Tout cela passe également par la restructuration du réseau, avec un renforcement en milieu rural et une concentration en zone urbaine. Cela signifie une révision à la hausse des quotas avec une autorisation d’installation pour une deuxième pharmacie à partir de 4 500 habitants, et non plus 3 500 comme c’est le cas actuellement. Il faudrait également que les pharmaciens d’une même commune puissent avoir la possibilité de racheter une pharmacie en difficulté pour fermeture.
Pascal Louis, président du Collectif national des groupements de pharmaciens d’officine (CNGPO) et ancien président du Giphar, estime pour sa part que les organisations professionnelles doivent désormais ouvrir rapidement un autre chantier, celui des sociétés de participations financières de professions libérales (SPFPL). « La profession dit qu’il est essentiel que les holdings apparaissent et on n’est pas fichu de les créer, s’indigne-t-il. On en parle depuis longtemps, plus ça va, plus on se met en danger, on ne saura plus revenir en arrière sur certains montages économiques. »
Un autre sujet préoccupe actuellement les représentants de la profession, le ralentissement de la substitution. « La prescription en DCI est une obligation pour le médecin, lance Alain Guillemot, président du syndicat des pharmaciens de Loire-Atlantique, affilié à la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Ce qui plombe la substitution au niveau national, ce sont les mentions non substituables que l’on voit fleurir sur les ordonnances et le fait que sur le TFR nous n’ayons pas la même rémunération. Il faut que ces deux verrous soient levés. » « Le non substituable est une arme politique des médecins contre les pharmaciens, renchérit Gilles Bonnefond. Le droit de substitution n’est toujours pas digéré par certains. Au-delà, les médecins ne veulent pas donner la possibilité aux pharmaciens de disposer aussi d’un outil économique permettant de négocier les performances et d’être rémunérés sur les nouvelles missions. Les médecins sont contre les nouvelles missions. »
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