De KPMG à CGP en passant par Fiducial, les trois cabinets d’experts-comptables obtiennent tous des résultats similaires sur les bilans comptables de leurs clients pharmaciens. À eux trois, ils couvrent plus de 15 % du réseau officinal et tombent d’accord sur l’évolution de la marge brute globale.
Emmanuel Leroy, chez KPMG, tient d’abord à rappeler : « La marge brute globale c’est la marge commerciale (MDL et forfait à la boîte) + les honoraires de dispensation + les prestations + les nouvelles missions + les coopérations commerciales. C’est ce que nous appelons la rémunération officinale. » Tous montrent la même tendance, à savoir une baisse de cette marge brute de 2017 à 2020, suivie d’une hausse importante les deux années suivantes. « Ces chiffres sont impressionnants en 2022, mais c’est extrêmement temporaire. Chez KPMG on est à 735 000 euros de marge. Si on retire l’activité Covid, on arrive à 615 000 euros de volume de marge, donc l’impact Covid est très important », poursuit Emmanuel Leroy.
Un impact qui reposerait en partie, selon Philippe Becker, de Fiducial, sur une forme d’industrialisation à l’officine. « Le test antigénique et la vaccination Covid se sont industrialisés. Il a fallu du temps mais, à un moment donné, la pharmacie est entrée dans un système industriel. Le premier test est un peu compliqué, mais quand on arrive au 100e, on commence à avoir de la productivité. Et quand on industrialise un process, on arrive à de fortes rentabilités. Quand une activité est industrialisée, elle rapporte, aussi parce que le tarif était probablement favorable. A contrario, quand ce n’est pas industrialisé et que le tarif n’est pas favorable, ça ne rapporte pas grand-chose. »
Optimisation de l’organisation
Si l’idée générale ne fait pas débat, le terme d’industrialisation ne passe pas auprès de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), qui lui préfère celui d’optimisation de l’organisation. « Ce terme est même dangereux, il sous-entend que nous avons utilisé des machines industrielles et des process industriels, ce qui n’est pas du tout le cas. Ce sont bien des personnes, nos équipes, qui ont fait les vaccins et les tests. Quand le gouvernement a baissé le prix des tests, il les a plus volontiers baissés en pharmacie que chez les autres professionnels de santé en nous disant que nous pouvions industrialiser. Or c’est faux. Il ne faut pas jouer le jeu du gouvernement en parlant d’industrialisation », argumente son président, Pierre-Olivier Variot.
Une « optimisation » saluée par Xavier-Charles Nicolas, pharmacien titulaire pendant 31 ans, ancien président de groupement, et élu en Eure-et-Loir. Ayant participé à la création de centres de vaccination Covid à la demande de l’agence régionale de santé (ARS), il se souvient du montant des vacations des médecins et infirmiers et du personnel de l’intercommunalité mis à disposition pour gérer les rendez-vous, l’accueil et l’organisation. « Quand je calcule le prix de revient des vaccinations que nous faisions en tant que collectivité par rapport à la manière dont les pharmaciens ont fonctionné, je dis bravo et merci aux pharmaciens. Ils ont assuré un travail remarquable pour beaucoup moins cher. »
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