Plus de deux mois après le début de l’épidémie et à la sixième semaine de confinement, la profession de pharmacien tient sur tous les fronts de la crise sanitaire grâce aux multiples facettes de son exercice. L’approvisionnement en médicaments permettant la continuité des soins des malades du Covid et des patients chroniques a été l'un des défis majeurs à relever. Quant aux pharmaciens d’Outre-Mer, ils ont été confrontés aux mêmes difficultés majorées toutefois par la distance et la réduction des liaisons aériennes.
Dans une visioconférence réunissant le 23 avril tous les présidents de section, Carine Wolf-Thal, présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP), a tenu à rendre hommage à l’ensemble des efforts accomplis par tous les pharmaciens. Des remerciements qui tiennent également lieu d’encouragements, car la présidente du CNOP sait combien il reste de chemin à parcourir jusqu’à l’éradication de la pandémie. La prochaine échéance, celle de la sortie du confinement, va à elle seule, solliciter de nouveau la profession sur deux nouveaux terrains. La distribution des masques dont l’organisation reviendra, en partie, aux pharmaciens de la répartition et aux officinaux a déjà fait couler beaucoup d’encre. Elle ne semble d’ailleurs pas encore sèche. La profession est en effet toujours en attente d’un arrêté lui permettant de vendre les masques « grand public » (voir page 2). Elle reste par ailleurs soumise à un changement de doctrine concernant la répartition des masques chirurgicaux.
Les tests sérologiques en question
Quant aux tests de dépistage, ils composent la principale inconnue de la stratégie de déconfinement alors même qu'ils en seront un élément pivot. Pour autant, Philippe Piet, président du conseil central G (biologistes), met en garde contre tout emballement. Les tests PCR sont selon lui les seuls instruments valables du tracking puisqu’ils permettront de dépister les personnes symptomatiques qui seront ensuite isolées, comme leurs personnes contact. Le pharmacien biologiste met en cause la confusion entretenue au sein de la population entre les tests PCR et les tests sérologiques. « Cette deuxième catégorie de tests n’est pas utile au déconfinement », affirme Philippe Piet. Il fait d'une part référence à la fiabilité médiocre des tests actuels, du reste toujours en cours de validation. D'autre part, le pharmacien biologiste interroge également la pertinence de cet outil dans une stratégie de déconfinement. « À quelle question doivent-ils répondre ? En tout cas pas à une question de santé publique. Car admettons qu’un test soit positif, si tant est qu’il ne s’agisse pas d’un faux positif, la personne va se considérer libérée de toute précaution et des gestes barrières alors même que nous ne savons pas si les anticorps sont protecteurs », expose Philippe Piet. Le président du conseil central G émet d’autant plus de réserves sur l’utilité de ces tests que rappelle-t-il, « 3 % de la population seulement auraient été en contact avec le virus. Je vous laisse imaginer la pertinence de ces tests pour avoir une séroprévalence du Covid dans un échantillon de population ! »
Dans les deux cas de figure, la perspective de tests en officine semble s’éloigner. Pour les tests PCR, effectués par des biologistes et des infirmières, cela tient à la complexité et à la sensibilité des conditions du prélèvement. Quant aux tests sérologiques, le pharmacien biologiste estime que l’objectif n’est pas, en l’état, d’en accorder l’accès aux officines. Reste donc la stratégie des masques dont le port est désormais considéré comme incontournable à la sortie du confinement. Jusqu’à présent denrée rare à la distribution controversée, comme l'ont rappelé Pierre Béguerie, président du conseil central A (titulaires) et Jérôme Paresys-Barbier, président du conseil central D (adjoints d'officine), les masques pourraient donc être le prochain champ d’action des officinaux.
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