Le Quotidien du pharmacien. - Les pharmaciens ressentent régulièrement un manque de reconnaissance. Est-ce que cela traduit une crise d’identité ?
Pr Guillaume von der Weid. - Le pharmacien exerce une profession qui se situe entre l’arbre et l’écorce : l'arbre du patient et du quotidien, l'écorce du médecin et de l'institution. Il est ainsi soumis à une double contrainte. De plus, il a un positionnement qui est objectivement aux confluents des dimensions commerciales (il vend des produits), sociales (il entretient des relations) et médicales (il soigne des personnes). Mais subjectivement, au contraire, son statut n’est pas reconnu dans la mesure où peu de gens savent ce que signifie être pharmacien. En outre, depuis plusieurs années, la valeur ajoutée du pharmacien est éclipsée par une survalorisation du médecin, d’une part, et une émancipation du malade, d'autre part, qui trouve des réponses sur Internet et s'inscrit dans une démarche d’automédication. Le pharmacien a du mal à défendre son rôle. Une des solutions serait de plus communiquer sur le métier, de manière plus ajustée à la réalité.
Pourtant, la profession vit une mutation positive, et le métier s’ouvre à de nouvelles activités de soins ?
La distance entre l'accroissement de responsabilités qui rendent le métier plus intéressant, d'une part, et la perception du pharmacien par le public comme simple courroie de transmission, d'autre part, est vécue comme une souffrance. Dans les représentations collectives, le pharmacien est dépourvu d'autorité propre, contrairement au médecin. Si l’on prend la mission de vaccination par exemple, il s’agit d’un travail servile, d’exécution. L'enjeu du métier tourne également autour du partage de la valeur avec les autres acteurs : comme dans toute profession, le statut du pharmacien est largement corrélé à sa rémunération. Or on observe que les professions liées au soin sont généralement moins valorisées que celles évoluant dans le domaine du droit, de la finance ou de l’ingénierie.
Est-ce que la crise du Covid a entraîné une perte de repères pour les pharmaciens ?
Alors que pendant la crise sanitaire les pharmaciens ont été au centre du système de soins, ils ont sans doute des difficultés à retrouver sereinement leur position antérieure, plus modeste, subissant ce qu'en économie on appelle l’« effet cliquet » - le fait que lorsque notre revenu baisse, on a plutôt tendance à s'endetter qu'à accepter une régression de notre niveau de vie. La crise sanitaire a effectivement bousculé les repères. Mais tout changement est aussi l'occasion d’initiatives. Alors que débute l’ère numérique en santé, on assiste à un rééquilibrage des rapports de force entre les différentes professions. Pendant le Covid on a bien vu que les pharmaciens étaient présents, compétents, et responsables, qu’ils savaient prendre une décision. Aussi les progrès vertigineux de l’intelligence artificielle peuvent-ils permettre d’établir des nouvelles relations avec la population.
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