Ce sont deux avis qui vont compter dans la reconnaissance des compétences officinales. La Haute Autorité de santé (HAS) a non seulement levé la limite d’âge pour recevoir le vaccin d’AstraZeneca, jusque-là réservé aux moins de 65 ans, mais aussi renforcé sa conviction que le pharmacien doit être un prescripteur et vaccinateur contre le Covid-19. Et cela pour tous les vaccins disponibles, de façon à « accélérer la campagne vaccinale face aux variants », « protéger au plus vite les plus vulnérables » et « lutter contre les inégalités d’accès ».
L’avis de la Haute Autorité de santé (HAS) s’appuie sur l’étude en vie réelle menée en Écosse par l’université d’Édimbourg, prépubliée le 22 février, qui inclut plus d’un million de personnes vaccinées. Dans cette étude, l’efficacité globale du vaccin AstraZeneca est de 94 % pour prévenir le risque d’hospitalisation, une efficacité qui se retrouve dans tous les groupes d’âge, y compris chez les 80 ans et plus. Des résultats confirmés par une autre étude en vie réelle de Public Health England, prépubliée le 1er mars et incluant 7,5 millions de personnes. Celle-ci confirme l’efficacité des vaccins Pfizer et AstraZeneca à plus de 80 % chez les plus de 80 ans pour prévenir les hospitalisations. Chez les plus de 70 ans, la protection contre les formes symptomatiques de la maladie quatre semaines après une première dose se situe entre 57 et 61 % avec le vaccin Pfizer et entre 60 et 73 % pour le vaccin AstraZeneca.
La HAS a donc entériné la possibilité de vacciner dès 18 ans et sans limite d’âge avec le vaccin AstraZeneca. Pour respecter la priorisation définie dans la stratégie vaccinale, sont d’abord concernés les 65-75 ans présentant des comorbidités, qui se joignent ainsi à la frange des 50-64 ans avec comorbidités déjà prioritaires pour se faire vacciner, puis ces mêmes tranches d’âge sans comorbidité. Si les vaccins à ARNm de Pfizer et Moderna continuent à être priorisés pour les 75 ans et plus, la HAS précise qu’il est aussi possible de les vacciner avec le vaccin d’AstraZeneca.
De son côté, Olivier Véran a indiqué que les « 50 ans et plus, incluant les 65-75 ans, ayant des comorbidités » pourront « se faire vacciner avec AstraZeneca (...) chez leur médecin traitant, dans l'hôpital qui les suit » ou « dans quelques jours en pharmacie ». Reste à savoir si le gouvernement suivra l’ensemble des recommandations de la HAS sur ce point. En effet, l’instance confirme son premier avis d’étendre la compétence vaccinale aux pharmaciens, infirmiers et sages-femmes, mais insiste sur le fait que le pharmacien doit aussi être prescripteur. Et même si, pour des raisons logistiques, le pharmacien va plutôt utiliser le vaccin AstraZeneca, la HAS ne ferme pas la porte à la vaccination en officine avec les vaccins à ARNm. D’autant qu’une « nouvelle forme plus stable de ces vaccins pourrait arriver dans les mois qui viennent », souligne la présidente de la HAS, Dominique Le Guludec. Les agences du médicament européenne et française sont chargées d’évaluer cette nouvelle forme des vaccins à ARNm qui faciliterait la conservation et donc la campagne vaccinale.
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