Depuis hier, il est possible de se faire vacciner dans l’une des 6 756 officines de 18 départements sous haute surveillance. Mais c’est lundi dernier véritablement que cette nouvelle phase de la campagne vaccinale en ville a commencé pour tous les pharmaciens, avec la commande de leurs propres doses de vaccin AstraZeneca.
Conformément à un message DGS Urgent, dimanche 7 mars, les officinaux ont pu enregistrer leurs besoins entre lundi et mercredi 23 heures, comme ils l’avaient jusqu’à présent fait pour les médecins sur le portail de télédéclaration. Le dispositif se répétera ensuite chaque semaine selon les mêmes modalités. Les premières livraisons d’un flacon – ou de deux — s’effectueront le jeudi 18 ou le vendredi 19 mars. « Les flacons surnuméraires seront envoyés à hauteur d’un flacon supplémentaire par pharmacie située dans une zone à la plus forte circulation épidémique. En cas de surcommande, les officines recevront a minima un flacon », avertit la Direction générale de la santé (DGS). Au total, 34 700 flacons seront utilisables par les pharmaciens au cours de la semaine du 15 mars, selon les données du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens (CNOP).
C’est le rush !
Ces vaccins sont destinés en priorité aux patients âgés de 50 à 74 ans atteints de comorbidités *, aux professionnels de santé et du secteur médico-social, ainsi qu'aux personnes âgées de plus de 18 ans à très haut risque (cancer et maladies hématologiques malignes en cours de traitement par chimiothérapie, maladies rénales chroniques sévères, patients dialysés, transplantés…), même si pour elles les vaccins à ARNm sont à privilégier. Cependant, indique Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), « aucune dose de vaccin ne doit être perdue. Si le cas se présente, les pharmaciens sont autorisés à vacciner une personne de 50 à 74 ans sans risque de comorbidités ».
Les populations cibles sont par ailleurs appelées à évoluer dans le temps en fonction du degré de couverture vaccinale dans chaque catégorie et selon les quantités de doses disponibles. Dans ces premières semaines de campagne vaccinale, le principal défi des titulaires et de leurs équipes va être de prioriser leur agenda de rendez-vous en fonction des patients volontaires qui ne manqueront pas de se manifester à l’officine… Et qui ont même commencé de le faire. « Depuis vendredi, lendemain de l’annonce du gouvernement, c’est le rush ! », décrit ainsi Grégory Tempremant, président de l’URPS des Hauts-de-France. Notant que dans cette situation, certains patients s’estiment plus prioritaires que leur voisin, des pharmaciens ont commencé à élaborer une liste d’attente. D’autres ont d’ores et déjà identifié leurs patients prioritaires via des requêtes dans leur logiciel concernant les personnes en ALD ou suivant certains traitements, comme le constate Gilles Bonnefond. « La gestion de ces flux et l’attribution des créneaux vont nous occuper une bonne partie du temps à venir », confirme Laurent Filoche, président de l’Union des groupements de pharmaciens d’officine (UDGPO).
Patientèle captive
Si la gestion de l'agenda pour la vaccination antigrippale ou les entretiens pharmaceutiques est habituellement bien maîtrisée, la vaccination contre le Covid est marquée par une montée en charge inédite et une complexité nouvelle. Les rendez-vous doivent par exemple être pris de façon à respecter la durée maximale d’ouverture d’un flacon. Pour autant, la task force Vaccins du gouvernement a exposé, le 2 mars, « que la souplesse d'organisation des officines serait préservée comme pour la vaccination grippe ». Ainsi, note le ministère de la santé, « contrairement aux centres de vaccination, il n’y a pas d’offre nationale de système de gestion de la prise de rendez-vous en officine ». Toutefois, poursuit le ministère, « il est prévu que les pharmacies soient référencées sur le site Internet sante.fr, comme elles le sont pour les tests antigéniques ». Un formulaire sera mis en place dans le courant du mois de mars pour que les officines puissent déclarer les informations administratives et organisationnelles liées à la vaccination (jour où la vaccination est possible, accessibilité du lieu pour les personnes en situation de handicap…).
Les acteurs historiques – y compris les éditeurs de logiciels métiers - ou plus récents comme le nouveau venu OrdoClic, n’ont pas attendu le feu vert du ministère jeudi dernier pour venir en support de la planification de l’agenda officinal. « Nous travaillons depuis décembre à trois solutions qui permettent chacune à la pharmacie de disposer de la fonctionnalité sur son site. Soit le patient est redirigé vers un partenaire choisi par le pharmacien tel que Doctolib, Maiia…, soit l’agenda est accessible depuis l’application Pharmonweb, il s’agit alors d’une solution intégrée, proposée à nos 1700 pharmacies dont nous gérons le site Internet », décrit Olivier Verdure, directeur de Pharmonweb. Le prestataire propose également une option premium grâce à un partenariat avec Bimedoc incluant un accès aux bilans partagés de médication et autres entretiens pharmaceutiques. « Il est ainsi possible aux pharmaciens d’identifier les patients cibles à partir de cette base », relève Olivier Verdure, précisant que la zone de chalandise d’un pharmacien vaccinateur est essentiellement constituée par ses patients.
Interconnexion et gain de temps
La plupart des solutions de prise de rendez-vous ont intégré une interconnexion à la plateforme Vaccins Covid. En s’inscrivant, le patient renseigne ainsi directement sa fiche, un gain de temps précieux pour le pharmacien ! Mesoigner.fr, l’un des premiers systèmes de prise de rendez-vous à avoir implémenté cette fonctionnalité, a par exemple été retenu par le groupement Pharmacorp pour cette plus-value.
Nombre de groupements ont sélectionné des prestataires pour faciliter l’entrée de leurs adhérents dans cette nouvelle ère vaccinale. Giropharm s’est ainsi rapproché de la société Fidesio pour mettre en œuvre sa propre plateforme de prises de rendez-vous. Pharmabest a de son côté développé une appli, ainsi qu’un questionnaire que le futur vacciné préremplit et dont les informations peuvent être importées sur la plateforme Vaccins Covid, là encore pour faire gagner du temps aussi bien à l’équipe qu’au patient. Le mot d’ordre reste de faciliter la vaccination au maximum, c’est pourquoi le réseau indique qu’il sera aussi possible de se faire vacciner sans rendez-vous préalable, et que la plage horaire de vaccination sera la plus large possible : de 8 heures à 20 heures. Les cent pharmacies du réseau Pharmabest sont toutes investies dans la vaccination contre la grippe, elles le seront tout autant pour la vaccination contre le Covid-19, comme elles le sont déjà dans la réalisation des tests antigéniques, précise le président, David Abenhaim.
Les groupements Réseau Santé et Aprium ont quant à eux sélectionné Covid-Pharma, le système développé par la start-up OrdoClic. « Depuis le 4 mars les demandes affluent, les pharmaciens ressentent le besoin de s’équiper pour répondre à la demande, la vaccination change le process de la prise des rendez-vous à l’officine », constate Romane Audras, manager de projet chez OrdoClic. Covid-Pharma propose une offre à 360 ° : du référencement de la pharmacie à l’ouverture des créneaux de vaccination en fonction des doses disponibles, de leur durée d'utilisation possible, jusqu’à l’information du patient, au recueil de son consentement signé électroniquement et au remplissage de l’interface pharmacien. Sans oublier le certificat de vaccination ! Son partenariat avec le grossiste-répartiteur OCP permet par ailleurs à la start-up une connaissance plus fine dans la gestion des livraisons des doses. Une solution qui permet de planifier la vaccination Covid en conditions réelles et en adéquation avec l'organisation officinale.
* La liste des comorbidités à risques sévères de formes graves de Covid-19 est notifiée par le ministère de la Santé, en annexe I du portfolio à l'intention des professionnels de santé : https://bit.ly/3rsq2xB.
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
Tendances & marchés
Sexualité en pharmacie : un marché en quête de vigueur
La Pharmacie du Marché
La contre-offensive
Quand le pharmacien doit dire non au comptoir