Face à la colère des syndicats de médecins, le gouvernement a organisé une réunion en urgence hier en fin d’après-midi pour faire le point sur la disponibilité des vaccins contre le Covid-19. Dans sa volonté d’apaisement, il n’a cependant pas manqué de rappeler que, à date, 470 000 doses commandées par les médecins n’avaient pas été utilisées.
Confronté à des livraisons moins importantes que prévu en vaccins contre le Covid-19, le gouvernement jongle dans l’attribution des doses disponibles entre les vaccinateurs. Selon le dernier calendrier des livraisons mis à jour mardi par la Direction générale de la santé (DGS), 16,5 millions de doses sont attendues au mois de mars contre 21 millions initialement prévues, soit un total revu à la baisse de 21 %. Et pour le mois d’avril, le calendrier réactualisé estime que 29,2 millions de doses seront au rendez-vous au lieu des 38 millions précédemment évoquées (-23 %).
Concernant le vaccin AstraZeneca, le seul actuellement disponible en ville, 6 millions de doses doivent arriver de manière échelonnée en mars. Mais la colère gronde depuis dimanche dernier chez les syndicats de médecins. En cause, le message « DGS Urgent » expliquant que les commandes prévues du 8 au 10 mars pour livraison la semaine suivante étaient réservées aux seuls pharmaciens, les livraisons prévues par le laboratoire ne permettant pas de fournir également les médecins. Interpellé sur le sujet au Sénat, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a rappelé hier après-midi que « les 765 000 doses que les médecins ont commandées la semaine dernière leur seront fournies à partir de jeudi et vendredi » mais que les livraisons attendues de la part d’AstraZeneca ayant été « réduites comme peau de chagrin », il n’y aurait, la semaine suivante que « 260 000 ou 280 000 doses » livrées. Le ministre a tenu à saluer l’implication des médecins mais a, dans le même temps, regretté que la moitié des généralistes n’ait « pas encore passé de commandes et donc la moitié des Français de ce pays ne peut toujours pas se faire vacciner dans son cabinet de ville ». C’est pourquoi le gouvernement a considéré qu’il fallait aussi « permettre aux pharmaciens de commencer à vacciner ».
La tentative d’apaisement des syndicats de médecins par la DGS, mardi dernier, n’ayant pas porté ses fruits, le Premier ministre, accompagné d’Olivier Véran, les a reçus en urgence (en visioconférence) en fin d’après-midi hier. Jean Castex a souhaité « lever les malentendus » et « repartir sur des bases saines, clarifiées et apaisées », rappelant à la fois le dernier prévisionnel des livraisons de vaccins, en baisse, et son espoir de rattraper le retard qui en résulte grâce à l’arrivée de nouveaux vaccins, des livraisons plus importantes en avril et… l’implication de tous les vaccinateurs.
Or, à date, 470 000 doses de vaccins sur les 850 000 commandées par les médecins n’ont pas été utilisées, a souligné le ministre de la Santé. Un delta conséquent, évoqué également hier après-midi par le Pr Alain Fischer, président du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale, lors de son audition devant la commission des affaires sociales du Sénat. D’après lui, il y a des médecins qui jouent pleinement le jeu et regrettent de ne pas pouvoir obtenir davantage de vaccins, et d’autres qui vaccinent peu ou pas du tout, ce qui entraîne « une accumulation de doses non utilisées ».
Au sortir de la réunion, les syndicats de médecins continuent de déplorer un « énorme décalage » entre les chiffres du gouvernement et les problèmes d’approvisionnement qu’ils constatent sur le terrain. Pour y répondre, Olivier Véran doit envoyer dès aujourd’hui un courrier aux médecins dans lequel il s’engage à « donner de la visibilité sur les livraisons », « permettre aux médecins qui ont écoulé toutes leurs doses de pouvoir recommander » et « veiller à ce qu’il n’y ait pas de médecins en panne de doses alors qu’il y a des créneaux disponibles ».
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