Dans ces mêmes colonnes, nous évoquions déjà jeudi dernier l’étonnante capacité de la langoustine à débarrasser les rivières africaines de la bilharziose. Certes, le règne animal n’en est pas à sa première incursion en médecine moderne. L’hirudothérapie - traitement par les sangsues - est ainsi officiellement reconnue en France depuis 2004. De même, la gourmandise du petit poisson Garra rufa pour les peaux mortes fait semble-t-il merveille pour soulager les malades psoriasiques. Même si la technique attend encore son autorisation officielle dans l’Hexagone.
Le monde des insectes, en particulier, est porteur de nombreux espoirs en pharmacologie. Saviez-vous par exemple que le venin de Polybia paulista - une petite guêpe brésilienne - se pique d’être efficace en cancérologie ? Des chercheurs de l’université Estadual Paulista de Mesquita Filho à São Paulo (Brésil), ont montré qu’une molécule (MP1) contenue dans les toxines du venin s’attaque spécifiquement aux cellules tumorales et laisse indemne les cellules saines de l’organisme. La molécule MP1 aurait en effet la faculté de reconnaître les lipides extra-membranaires présentés par les cellules cancéreuses, et, s’y accrochant, créerait des trous béants dans la membrane cellulaire. Pour l’heure, modèrent les chercheurs, le phénomène n’a pu être observé qu’au microscope sur des modèles in vitro.
Plus aboutie, et même officialisée en France, l’utilisation d’asticots vivants comme médicament est un des autres succès de la médecine entomologique. Les origines de l’asticothérapie (ou larvothérapie) nous font remonter jusqu’à l’immédiat après-guerre (années vingt). Le chirurgien américain William Baer avait été surpris de constater la relative bonne santé de deux soldats, bloqués dans une tranchée durant une semaine et souffrant de fractures ouvertes. En y regardant de plus près, seule la présence de milliers de larves de mouches à l’intérieur des plaies pouvait expliquer, selon lui, que les blessures étaient propres et exemptes de pus *. Dix ans plus tard, il eut l’idée de traiter quatre enfants atteints d’ostéomyélite (infection osseuse) avec ces mêmes larves. Au terme de six semaines de ce grouillant traitement, les blessures avaient disparu. Partiellement mangés par les vers, les corps de ces petits patients auraient pu sembler des cadavres, ils étaient au contraire plein de vie et de santé retrouvée.
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