Atypique. C’est le terme qui revient le plus souvent lorsque le P-DG, Marc Prikazsky, présente Ceva Santé Animale. Cette ancienne filiale de Sanofi, rachetée par ses cadres en 1999, est détenue par l’ensemble de ses salariés qui en sont automatiquement actionnaires. Elle est et restera indépendante. « Tout rachat est exclu ! Quant à la cotation en Bourse, je n’en rêve pas, il n’y a pas de raison de changer le financement actuel avec des salariés très impliqués », affirme Marc Prikazsky. Et la formule fonctionne puisque Ceva affiche une insolente croissance à deux chiffres depuis des années (près de 12 % en 2015) et a multiplié sa taille par sept en 15 ans.
Atypique, Ceva l’est aussi par la composition de son comité exécutif, qui compte quatre vétérinaires (dont le P-DG) sur un effectif de huit personnes. L’entreprise comptabilise 4 000 salariés dans le monde, dont 1 200 en France, 11 centres de R & D, 21 sites de production et une présence commerciale dans 110 pays. En 2015, son chiffre d’affaires mondial de 857 millions d’euros lui permet de passer ainsi devant son proche concurrent, le Niçois Virbac, à 4 millions près. Mais Virbac reste devant Ceva sur le marché français. « Avec le rachat annoncé de Merial par Boehringer Ingelheim, nous allons mécaniquement gagner une place de plus et être le 6e laboratoire vétérinaire au niveau mondial », précise Marc Prikazsky. L’ambition ? Pénétrer le top 5 dans les années 2020. La marche à franchir est haute. Pour y parvenir, Ceva compte à la fois sur ses produits innovants et sur des implantations stratégiques, notamment en Asie. En quinze ans, le laboratoire a acquis une trentaine de sociétés. Il vient ainsi de prendre une participation majoritaire dans une entreprise indienne près de Bombay.
Prendre soin des hommes
« Nous faisons 10 % de notre chiffre d’affaires en France, 20 % aux États-Unis ; nous sommes beaucoup plus présents sur des zones en développement en Europe, Afrique et Asie. L’Inde est le seul grand pays où nous n’étions pas implantés, alors que c’est le premier producteur mondial de lait et le cinquième producteur mondial de volailles », ajoute Marc Prikazsky. Justement, Ceva a lancé un produit unique pour les vaches laitières, Velactis, permettant d’accompagner le tarissement du lait et de mettre l’animal au repos les deux mois précédant le vêlage. Quant à la partie « biologie et volailles », c’est le moteur du laboratoire qui se place numéro 3 mondial sur ce segment et vise le haut du podium pour 2020. Il a d’ailleurs remporté un important appel d’offres en octobre dernier et vendu 100 millions de doses de vaccins contre la grippe aviaire au service d’inspection animale et phytosanitaire du département américain de l’agriculture. « Face à la grippe aviaire qui peut être transmise par des canards sauvages ou des aigrettes porteurs sains, il n’existe que trois solutions pour protéger les élevages : les confiner, tuer tous les canards sauvages, ou vacciner. »
Le leitmotiv vaccinal se retrouve à l’identique en santé humaine, au même titre que l’utilisation des antibiotiques… « Santé humaine et animale sont intimement liées. En soignant les animaux, Ceva prend soin des hommes : en contribuant à nourrir la planète avec des produits de qualité et dans le respect de l’animal, en protégeant l’homme des zoonoses par des solutions vaccinales, et en agissant auprès de l’animal de compagnie. »
Atypique, Ceva le revendique par des actions originales, comme la création avec la Fondation du Patrimoine du prix de l’agro-biodiversité, qui promeut toutes les agricultures tant que le bien-être animal est pris en compte. Récemment, le laboratoire aquitain s’est illustré en relançant un médicament arrêté faute de rentabilité… afin de sauver les koalas en Australie ! « Cela fait partie de notre rôle d’aller là où il y a un besoin en médicament vétérinaire. » C’est ainsi qu’est né, en 2006, le programme SOS Ouganda (Stamp Out Sleeping sickness) pour vaincre la maladie du sommeil, permettant d’administrer un traitement d’urgence à environ 500 000 têtes de bétail et de prévenir la transmission de la maladie. « Nous avons formé des vétérinaires sur place, c’est devenu un modèle de réussite réclamé en Birmanie, et maintenant au Bangladesh. »
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques